mercredi 31 août 2016

Police

"Depuis son entrée dans la police, elle a vu un père enfermer son fils dans un frigo pour le punir et l'y oublier, (...) un enfant survivre à une chute du quatrième étage. Elle a vu surnager tout cela parmi les mille tâches ingrates qui forment son ordinaire, elle est allée perdre sa tranquillité d'âme dans des mauvais lieux, obligée de vivre au-dessus de l'étonnement, pour un salaire à peine décent, et elle se demande toujours comment elle n'a pas les yeux sales, stupéfaite qu'ils n'aient pas conservé, dans leur profondeur, le pâle reflet de la misère".


Auteur : Hugo Boris
Editeur : Grasset
Genre : Contemporain
Date de parution : 24 août 2016
Nombre de pages : 198
Prix : 17,50 €
Prix Kindle : 12,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.
Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.
En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?


Mon Avis

Troisième roman de la rentrée littéraire, et encore une réussite. Encore un coup de poing que je n'avais pas vu venir. Police, un titre en miroir. Un reflet d'un réalisme saisissant.

Ce roman débute un début de soirée et finit aux jeunes heures de la nuit. Un temps très court certes, mais intense. Police narre l'histoire de trois gardiens de la paix, chargés de récupérer un détenu Tadjik pour l'emmener à l'aéroport, afin qu'il rejoigne la Turquie. Parmi ces trois gardiens de la paix, il y a Virginie, jeune maman d'un petit garçon de quinze mois, mariée à un homme qui ne la regarde plus. On apprend vite qu'elle a un amant dont elle est enceinte. L'avortement est programmé pour le lendemain. L'amant, parlons-en, puisqu'il s'agit justement de son collègue Aristide, qui disons-le est un gros lourd macho, mais qui renferme tout de même une sensibilité. Enfin, il y a Erik, leur supérieur, loyal, droit, honnête, qui aspire secrètement à une vie plus calme, loin de son quotidien. Au milieu d'eux, dans la voiture, Asomidin Tohirov, maigre, silencieux, terrorisé car il ne comprend pas ce qu'il lui arrive, "il n'est déjà plus du côté de la vie". Grâce à une enveloppe qu'elle a décachetée, Virginie apprend que Asomidin est victime d'une grossière erreur de procédure. S'il retourne d'où il vient, il sera tué. Il ne devrait pas être expulsé. Virginie en est consciente et décide d'agir. Ses deux collègues sont en proie au doute. Leur faut-il obéir aux ordres et oublier la part d'humanité qui les habitent ?

Dès les premières pages, nous sommes happés par l'histoire. Les phrases sont longues, mais les images se succèdent si rapidement dans notre esprit que le rythme en est haletant. On commence par faire la connaissance de Virginie au commissariat. Les dialogues entre collègues, la camaraderie qu'ils affichent sont très réalistes.
Lorsque Virginie et les autres savent que ce pauvre Asomidin a été torturé dans son pays et qu'à cause d'une erreur de procédure, il va devoir y retourner, la tension devient palpable. Si Aristide se rallie à Virginie, Erik doute. Que faire ? Obéir ou désobéir aux ordres ?

Ici, les trois protagonistes sont mis à nu. Virginie culpabilise, Aristide n'accepte pas l'IVG de cette dernière et se découvre une sensibilité qu'il ne connaissait pas, Erik tente tous les soirs, lorsqu'il revient chez lui, de faire partir l'odeur de cadavre sur ses vêtements, sur son corps, jusqu'à l'obsession. Bref, sous l'uniforme, on découvre des personnages profondément humains.
Quant à Asomidin, c'est un personnage quasi-fantomatique, muré dans son silence, paralysé par la peur.

Dans ce huis clos, il y a peu d'action. Pas d'effusion de sang. Aucune arme n'a été utilisée. Cependant, la scène de la piste de l'aéroport m'a touchée en plein cœur. Ce livre est de l'émotion à l'état brut. Il donne à réfléchir sur la notion même du devoir, sur l'humanité, sur la prise en main de sa vie.

Toutefois, j'ai été un peu déçue par la fin ouverte. Je me suis tellement attachée aux personnages que j'aurais aimé avoir un peu plus d'informations sur leur devenir. Mais est-ce vraiment important finalement ?

En conclusion, Police est un livre actuel sur quatre vies humaines. Trois sont gardiens de la paix, un est un ex-détenu courant vers une mort certaine. On ne peut qu'apprécier la profondeur humaine de ces trois personnages, avec leurs doutes, leurs failles, leurs espoirs. Un roman court mais intense émotionnellement que je ne peux que vous recommander.


Ma note : 18/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^










2 commentaires:

  1. Pas vraiment tentée par cette lecture, mais contente que tu ai aimé :)
    Bisous !

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    1. C'est vrai que le thème peut rebuter un peu.. Bonne soirée à toi ! Bisous :)

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