jeudi 6 octobre 2016

Là où les lumières se perdent

"Je priais pour foutre le camp de cette ville. Et je priais pour pouvoir dormir sans cauchemar. Seule ma dernière prière a été exaucée, mais pas par Dieu. Par les cachets.
Car Dieu n'exauçait jamais les prières des McNeely."


Auteur : David Joy
Titre VO : Where All Lights Tends To Go
Traduction : Fabrice Pointeau
Edition : Sonatine
Genre : Drame
Date de parution : 25 août 2016
Nombre de pages : 304
Prix : 19 €
Prix Kindle : 13,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture


Caroline du Nord. Dans cette région perdue des Appalaches, McNeely est un nom qui fait peur, un nom qui fait baisser les yeux. Plus qu'un nom, c'est presque une malédiction pour Jacob, dix-huit ans, fils de Charly McNeely, baron de la drogue local, narcissique, violent et impitoyable. Amoureux de son amie d'enfance, Maggie, Jacob préfère garder ses distances. Il est le dauphin, il doit se faire craindre et respecter. Après un passage à tabac qui tourne mal, Jacob se trouve confronté à un dilemme : doit-il prendre ses responsabilités et payer pour ses actes ou bien suivre la voie paternelle ? Alors que le filet judiciaire se resserre autour de lui, Jacob a encore l'espoir de sauver son âme pour mener une vie normale avec Maggie. Mais cela ne pourra se faire sans qu'il affronte son père, bien décidé à le retenir près de lui.

Mon Avis

Là où les lumières se perdent... Un beau titre aux nuances poétiques qui m'a tout de suite donné envie d'en savoir plus. Je remercie NetGalley et les éditions Sonatine pour cette découverte. Et quelle découverte.

Jacob, 18 ans, vit dans une région isolée des Appalaches, en Caroline du Nord. Sa vie est loin d'être normale et paisible, puisque son père, Charly McNeely, est un grand trafiquant de drogue craint par tous, et sa mère junkie vit dans une cabane, mais aussi dans un autre monde - son monde à elle. Jacob habite chez son père mais se réfugie chez sa mère de temps en temps pour échapper à la police lorsqu'il a consommé un peu trop de drogue. Lui qui a pourtant baigné depuis son enfance dans un climat hostile, violent et étouffant, ne se sent pas à sa place et se considère même comme une "lavette". Il aspire à une vie normale avec Maggie, sa petite amie, même si pour lui, il n'arrivera jamais à partir de cet endroit maudit.
Un jour, son père lui demande de s'occuper d'un junkie qui a trop parlé. Mais l'affaire tourne mal. Sous la pression et la menace de son père, Jacob doit faire un choix : rester et devenir aussi cruel et odieux que son paternel, ou partir avec Maggie vers une nouvelle vie... quitte à affronter son père.

Ce récit à la première personne raconte les méandres de l'âme torturée de ce pauvre Jacob, qui s'attire constamment des ennuis. J'ai été touchée par ce personnage déchiré. J'ai été émue par l'amour qu'il porte à sa mère, j'ai été bouleversée lorsqu'il se déchaîne avec une violence inouïe et incontrôlable, j'ai été touchée en plein cœur lorsqu'il se mettait à pleurer. Ce personnage est riche de sentiments complexes, et ses états d'âme sont relatés par l'auteur avec une écriture remarquable.

La violence, le caractère sordide de l'intrigue, la drogue et l'alcoolisme sont aussi des thèmes omniprésents dans ce roman. En cela, il m'a un peu fait penser à Yaak Valley, Montana de Smith Henderson (ma chronique), roman sombre également, mais moins violent (pourtant, ce roman est très loin d'être joyeux). Il n'y a pas que des introspections de Jacob sur sa vie actuelle et future, il y a également beaucoup d'action, de bagarres assez violentes, d'agressions, de meurtres. David Joy a donc réussi à faire ressortir toute la noirceur de l'âme humaine, de toute nature qu'elle soit.

Mais à côté, il fait également mention de la lumière. La lumière au sens de la clarté, mais aussi au sens spirituel du terme, et à la lueur des yeux, thème récurrent dans le roman. Il y a par ailleurs une réflexion intéressante à propos de la légendaire lumière que l'on voit avant de mourir... Bref, ce roman tout en clair-obscur est tout simplement fascinant.

Ce premier roman relate également une quête de la liberté menée par Jacob et Maggie. Cette dernière est d'ailleurs le seul personnage qui permet à Jacob de respirer, de remonter à la surface... Leur amour est très touchant et on sent qu'il est sincère. Cependant, d'après Jacob, il n'a aucun espoir de perdurer tant ils sont différents l'un de l'autre : "elle seule avait quelque part où aller".

Enfin, la fin est à la fois surprenante et bouleversante. J'avais même le cœur lourd en éteignant ma liseuse. Je me répète, mais l'écriture de David Joy est remarquable, les descriptions sont précises néanmoins pas trop longues, les sentiments les plus sombres de Jacob nous sont transmises avec des mots justes, minutieusement choisis. A coup sûr, David Joy est l'auteur prometteur du roman noir, à suivre absolument.

En conclusion, Là où se perdent les lumières est un roman très sombre, tout en clair-obscur, et tout simplement fascinant. C'est un roman de l'échec : amour impossible avec sa petite amie, relation mère/fils inexistante, absence de l'amour paternel. Cependant, il y a de l'espoir pour Jacob, même s'il est mince. Peut-il échapper à son destin ? Aura-t-il le courage d'affronter son père, si odieux qu'il n'hésite pas à s'en prendre violemment à son fils ? Quelles sont ces lumières ? Où se perdent-elles ? Pour le savoir, je vous invite ardemment à lire ce roman. Il est très sombre certes, mais éclatant de beauté et de poésie.

N.B : David Joy, sur son site internet, annonce qu'il est sur le point de sortir son deuxième roman, The Weight Of This World, qui m'a l'air tout aussi sombre que celui-ci... C'est certain, je le lirai dès qu'il paraîtra en français.

Ma note : 20/20

COUP DE COEUR



A bientôt pour une prochaine chronique ^^






3 commentaires:

  1. Il a l'air très beau effectivement, tu donnes envies en tout cas :)

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  2. Encore une magnifique chronique ! Qu'il a l'air triste ce roman. Je le note dans ma wish mais j'attendrai un petit peu. J'ai besoin de feel good en ce moment^^.

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