vendredi 3 mars 2017

Stupeur et tremblements

"Monsieur Haneda était le supérieur de monsieur Omochi, qui était le supérieur de monsieur Saito, qui était le supérieur de mademoiselle Mori, qui était ma supérieure. Et moi, je n'étais la supérieure de personne."


Auteur : Amélie Nothomb
Editeur : Le Livre de Poche
Genre : Autobiographie
Date de parution de la présente édition : janvier 2016
Nombre de pages : 186
Prix : 5,60 €
Prix format Kindle : 6,99 €


Présentation de l'éditeur

Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l'implacable rigueur de l'autorité d'entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil Levant.
D'erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie.
Une course absurde vers l'abîme - image de la vie -, où l'humour percutant d'Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l'angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l'auteur d'Hygiène de l'assassin le Grand prix du roman de l'Académie française en 1999.

Mon Avis

J'ai découvert Amélie Nothomb avec Métaphysique des tubes, il y a longtemps. J'ai d'abord été déstabilisée par son style si singulier, et finalement j'ai été séduite par sa façon d'être, son intelligence et son écriture, à la fois tranchante et merveilleuse. Je n'ai malheureusement pas continué à découvrir le reste de ses écrits après Journal d'Hirondelle. Le challenge organisé par le blog Entre les pages m'offre l'occasion de rattraper mon grand retard. Stupeur et tremblements m'a toujours attirée, en passionnée du Japon que je suis. J'avais vu quelques extraits du film avec Sylvie Testud (qui lui a valu le César de la meilleure actrice en 2004), et cette "confrontation" entre l'Occident et l'Orient m'a donné furieusement envie de lire le roman.

Amélie, jeune femme Belge ayant vécu au Japon pendant son enfance, décide de retourner y vivre et d'intégrer une multinationale à Tôkyô, Yumimoto. Dans le service comptable, là où elle a été affectée, sa supérieure, Mademoiselle Mori, ne lui donne aucune tâche à faire. Alors, Amélie s'occupe comme elle le peut : elle apporte le café, fait des photocopies, remet les calendriers à jour. Mais sa débrouillardise et son entrain déplaisent à ses supérieurs et ils lui font régulièrement payer son audace. Heureusement, elle peut compter sur Mademoiselle Mori, dont elle admire la beauté et l'intelligence. Mais un événement va plonger Amélie dans une tourmente lente mais réelle. Elle va descendre très vite les échelons, pour atteindre le poste le plus "bas" de l'organigramme. Amélie, avec son humour fracassant, n'épargne pas ses supérieurs, dénonce leurs abus et les tourne brillamment en ridicule.

Ce court roman a été une claque. Nous assistons inexorablement à la descente aux Enfers d'Amélie, elle qui pourtant se montre motivée et qui fait tout pour s'intégrer à la firme japonaise. Mais voilà : il y a cette barrière infranchissable, cette "confrontation" permanente entre l'Orient et l'Occident.

"— L'honneur ! Qu'est-ce que vous y connaissez, à l'honneur ?   
Elle rit avec mépris. 
— Figurez-vous que l'honneur existe aussi en Occident.
— Ah ! Et vous trouvez honorable d'affirmer sans vergogne que vous êtes la dernière des imbéciles ?" (p.67).

La pression est énorme pour Amélie et la moindre erreur lui vaut régulièrement des humiliations. J'ai aimé sa force, son audace, son intelligence fine et son humour décapant. Malgré les humiliations, elle ne se laisse pas faire. A noter : son portrait satirique sur la femme japonaise est un vrai délice...

"Car, en fin de compte, ce qui est assené à la Nippone à travers ces dogmes incongrus, c'est qu'il ne faut rien espérer de beau. N'espère pas jouir, car ton plaisir t'anéantirait. N'espère pas être amoureuse, car tu n'en vaux pas la peine : ceux qui t'aimeraient t'aimeraient pour tes mirages, jamais pour ta vérité. N'espère pas que la vie t'apporte quoi que ce soit, car chaque année qui passera t'enlèvera quelque chose. N'espère pas même une chose aussi simple que le calme, car tu n'as aucune raison d'être tranquille." (p.94).

Pour conclure, Stupeur et tremblements est ni plus ni moins qu'une claque. Désillusions, colères, humiliations, folie, satire, ce petit livre est une petite merveille, teintée d'un humour dévastateur et d'une violence à peine retenue. Le style d'Amélie est inimitable, intelligent, délicieux, et très accessible dans ce roman. J'ai adoré sa personnalité, sa franchise et sa détermination à toute épreuve face à ce monde à part qu'est la société japonaise. Un chef-d'oeuvre, tout simplement.


A bientôt pour une prochaine chronique ^^



5 commentaires:

  1. L'un des rare de Nothomb que je n'ai pas encore lu, mais bient^to j'espère :)

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  2. C'est ça, ce roman est une claque ! J'ai hâte de le relire car il fait vraiment partie de mes préférés !!!

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    1. Je l'ai adoré ! La répartie d'Amélie est savoureuse !

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  3. Tu ne m'en voudras pas si je passe mon tour ! Je ne peux pas, c'est physique. C'est certainement très c.. mais cela ne s'explique pas...

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    1. Je t'en veux pas ma coupinaute ^^
      Je comprends, il y a des auteurs qu'on n'a pas du tout envie de lire, sans vraiment l'expliquer. Chez moi, c'est Marc Lévy et Bernard Werber. ^^ Je ne peux pas.

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