dimanche 3 juin 2018

Premières lignes #40 : "Qui je suis" de Mindy Mejia

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...


Je suis de retour ! Aujourd'hui, je vous propose de lire les premières lignes d'une de mes dernières réceptions, Qui je suis de Mindy Mejia, un thriller paru récemment chez Mazarine. D'ailleurs, je suis heureuse de faire partie des blogueurs partenaires de Mazarine Thriller ! Bonne lecture !


Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, d’une expérience plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleuse. Lorsque son corps sauvagement poignardé est découvert, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley.
Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ?
Et jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fi n à cette relation ? Le petit ami de Hattie semble désespéré par sa mort. Son amour profond serait-il devenu une obsession ? Ou l’intrépide Hattie s’est-elle simplement retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment ?
Suggestif et tranchant, ce roman examine la frontière entre l’innocence et la culpabilité, l’identité et la duperie. L’amour conduit-il à la découverte de soi… ou à la destruction ?




HATTIE

Samedi 22 mars 2008




          Fuguer, ça craint.
      J'étais là, à l'endroit même dont j'avais si souvent rêvé pendant les cours de maths, devant le tableau des départs de l'aéroport de Minneapolis, et chaque détail était exactement tel que je me l'étais représenté. Je portais ma tenue de voyage : legging noir, ballerines et sweat-shirt couleur crème, trop grand, qui avalait mes mains et faisait paraître mon cou encore plus long et fin qu'en temps normal. J'avais ma belle valise en cuir et assez d'argent dans mon porte-monnaie pour m'envoler vers tous les endroits que j'avais imaginés. Je pouvais aller n'importe où. Faire tout ce que je voulais. Alors, pourquoi me sentais-je prise au piège ?
        J'avais quitté la maison en douce à 3 heures du matin, en laissant un mot sur la table de la cuisine, qui disait simplement : "A un de ces jours. Je vous aime, Hattie." Un de ces jours, évidemment, ça pouvait vouloir dire n'importe quand. Dans dix ans peut-être. Je ne savais pas. Peut-être que la douleur ne disparaîtrait jamais. Peut-être que je ne pourrais jamais partir assez loin. Le "Je vous aime, Hattie", c'était un peu trop. Dans ma famille, on n'était pas du genre à laisser des messages d'amour dans toute la maison, mais même si mes parents soupçonnaient un truc louche, jamais ils ne penseraient que j'allais traverser le pays en avion. 
        J'entendais presque la voix de maman : Ça ne ressemble pas à Hattie. Il ne lui reste plus que deux mois d'école avant la remise des diplômes et elle joue Lady Macbeth dans la pièce du lycée, bon sang ! Elle était toute excitée.
        Je chassai cette voix imaginaire pour parcourir de nouveau la liste des destinations, en espérant connaître cette exaltation que j'aurais cru ressentir en quittant enfin Pine Valley. Je n'avais pris l'avion qu'une seule fois, quand nous étions allés voir de la famille à Phoenix. Je me souvenais qu'il y avait un tas de boutons et de lumières sur mon siège et que les toilettes ressemblaient à un engin spatial. J'avais voulu commander quelque chose à l'hôtesse qui passait avec son chariot, mais maman avait des pâtes de fruit dans son sac, et c'était tout ce qu'on avait à manger, à part des cacahouètes, et je n'en avais même pas eu. Greg savait que je n'aimais pas ça, et il avait pris les miennes. J'avais été en colère pendant tout le reste du voyage parce que j'étais certaine que j'aurais aimé les cacahouètes de l'avion. C'était il y a huit ans.
        Aujourd'hui, ce serait mon deuxième vol, pour ma deuxième vie.



Qui je suis (Everything you want me to be), Mindy Mejia, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, Mazarine Thriller, mars 2018, 400 pages, 22 €.


Je vous souhaite un excellent dimanche !

A demain ^^


1 commentaire:

  1. J'ai hâte de connaître ton ressenti. Un livre auquel j'ai donné 8/10 et dont j'ai dit "Haletant et rythmé.
    Bon dimanche et bonne lecture, FLaure

    RépondreSupprimer