jeudi 30 juin 2016

L'Epreuve, tome 1 : le Labyrinthe

"Des émotions contradictoires lui tordaient les entrailles ; il aurait voulu hurler, pleurer et vomir tout à la fois. Les garçons s'étaient tus. Quelqu'un prit la parole :
— Content de te voir, tocard. Bienvenue au Bloc.
Thomas n'oublierait jamais ces mots."


Auteur : James Dashner
Traducteur : Guillaume Fournier
Editeur : Pocket Jeunesse
Genre : Dystopie
Date de parution : 2 juin 2016
Nombre de pages : 464
Prix : 7,80 €


4e de couverture

Quand Thomas reprend connaissance, sa mémoire est vide, seul son nom lui est familier... Il se retrouve entouré d'adolescents dans un lieu étrange, à l'ombre de murs infranchissables. Quatre portes gigantesques, qui se referment le soir, ouvrent sur un labyrinthe peuplé de monstres d'acier. Chaque nuit, le plan en est modifié.
Thomas comprend qu'une terrible épreuve les attend tous. Comment s'échapper par le labyrinthe maudit sans risquer sa vie ? Si seulement il parvenait à exhumer les sombres secrets enfouis au plus profond de sa mémoire...

Mon Avis

Un beau jour sur Twitter, où je flâne souvent, je découvre les futures couvertures poche de la célèbre trilogie de James Dashner... Et là, je me dis que je ne peux plus passer à côté, les couvertures sont trop belles, il me les faut ! J'ai d'abord acheté "le Labyrinthe", commencé à lire quelques pages, puis finalement je me suis offert les deux autres... Tant qu'à faire.

Tout commence dans le noir complet. Thomas reprend connaissance dans une sorte de boîte. Il ne se souvient que de son prénom. Soudain, un mécanisme s'enclenche et l'ascenseur se met en marche dans "un fracas de chaînes et de poulies". Pendant ce temps, Thomas essaie de se souvenir de son passé, mais en vain. L'ascension stoppe et laisse place au silence. Quelqu'un ouvre de force les volets coulissants de la boîte. Au-dessus de lui, Thomas découvre des garçons "certains très jeunes, d'autres plus âgés". Il découvre que le Bloc est une plaine entourée de murs gigantesques où habitent des adolescents qui n'ont aucun souvenir de leur passé. Tous, certains depuis deux ans, cherchent la sortie du labyrinthe, qui les encercle. Voilà comment débute cette curieuse histoire.

Comme Thomas, on se sent complètement perdus. Comme lui, on part de zéro. J'ai trouvé cette situation assez inédite et intéressante.  Personne ne sait pourquoi ils sont là, qui les a envoyés dans cet endroit. On est dans le mystère complet. C'est frustrant, excitant et un peu angoissant à la fois.
On découvre avec le personnage principal un petit monde bâti par les "Blocards" :
"— Le Bloc se divise en quatre parties : le jardin, l'abattoir, la ferme et le terminus." (page 60).

Avec leurs différentes activités et leur propre langage :

"— (...) tu as les bâtisseurs, les torcheurs, les coffreurs, les cuistots, les cartographes, les medjacks, les sarcleurs et les trancheurs. Et les coureurs, évidemment." (pages 131-132).

 Mais à côté de ce monde organisé, il y a le labyrinthe, dont les portes s'ouvrent le matin et se referment le soir. Les coureurs parcourent le labyrinthe la journée pour trouver une sortie. Ce qui se complique, c'est que les murs du labyrinthe bougent après que les portes se soient refermées. Pire encore, des créatures  mi-bêtes mi-machines nommées "Griffeurs" parcourent le labyrinthe la nuit à la recherche de chair humaine. Las de tourner en rond, les coureurs sont dépités et sans motivation.
Mais Thomas, sans savoir vraiment pourquoi, veut devenir coureur à tout prix pour sortir d'ici. Il ne cesse de le répéter, d'insister auprès d'Alby, le chef, et de Newt, son second. Et nous aussi, on veut de l'action ! Mais les autres semblent le freiner constamment. Mais un événement va tout déclencher, et l'action n'aura alors plus aucun temps mort. Néanmoins, les révélations ne seront données qu'au compte-gouttes...

Concernant certains personnages, je ne les ai pas trouvés très attachants. Je trouve Thomas agaçant et puéril. Certes, il pose plein de questions, c'est normal, mais ça devient vite fatigant. Il se montre parfois immature, et je suis bien contente lorsque les autres le remettent à sa place :
"Thomas gémit.
— Vous recommencez à parler de moi comme si j'étais devenu invisible.
— Tommy, lui dit Newt, (...) arrête de pleurnicher et tire-toi, tu veux ?" (page 205).

D'autre part, étrangement je n'ai rien ressenti par rapport au personnage de Chuck, le jeune ami de Thomas. Teresa, le seul personnage féminin, m'insupporte. Mais bizarrement là aussi, je ne saurai pas l'expliquer. Seuls Newt et Minho, le chef des coureurs, me paraissent drôles et sympas, contrairement à Thomas qui n'a aucun humour. On voit bien le contraste entre Thomas qui se posent mille questions, et Minho qui s'en fout et agit. J'l'aime bien, Minho.

Par ailleurs, comme toute dystopie, il y a de la violence et de la cruauté. Le bannissement du Bloc d'un des personnages est terrible ; des personnages vont mourir de manière tout à fait atroce. Ce qui m'a un peu choquée, c'est que Minho - que j'adore pourtant - s'en cogne totalement alors qu'il a perdu bon nombre de ses camarades. On passe vite à autre chose, et ça m'a un peu dérangée... Peut-être suis-je trop sensible ?...

En ce qui concerne le style de l'auteur, il est relativement simple. La lecture se fait très facilement et est très addictive. Le page-turner est redoutable. Une fois un chapitre fini, on n'a plus qu'une envie : continuer encore et encore. Pour ce qui est de la fin de ce premier tome, on en sort avec encore plein de questions dans la tête... alors, frustrée comme j'étais, je me suis jetée sur le 2e tome.

En conclusion, ce premier tome de "l'Epreuve" est une réussite. Le fait d'accompagner le personnage principal, du noir complet jusqu'à l'arrivée dans un monde inconnu, est plutôt intéressant. On y découvre un petit monde bien organisé, créé par des garçons qui tentent de survivre et de retrouver leur vie d'avant, dont ils n'ont aucun souvenir. Les personnages ne sont pas tous attachants cependant. Certains sont agaçants, d'autres transparents, alors que deux autres tranchent par leurs personnalités fortes et sympathiques. Enfin, même si ce premier tome répond à quelques petites interrogations, cette "épreuve" reste mystérieuse. On espère que le 2e tome satisfera notre curiosité.


Ma note : 17/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^











jeudi 16 juin 2016

Au bout du tunnel

"Vus d'en haut, Eva, Sam, Noël, Sabrina et Gabi formaient une étoile à cinq branches. Une étoile perdue dans l'univers"


Auteur : Carlos Garcia Miranda
Titre VO : Conexo
Traducteur : Vanessa Canavesi
Editeur : Pocket Jeunesse
Genre : Science-fiction
Date de parution : 04 mai 2016
Nombre de pages : 349
Prix : 16,90 €


4e de couverture

Le train qui mène un groupe d'ados à la montagne déraille dans un tunnel. Trois minutes auparavant, sur une vidéo YouTube, ils ont vu l'accident dont ils allaient être les victimes...
Eva, Noël, Sabrina, Gabi, Anna et Sam sont les seuls survivants. Mais en sortant du tunnel, stupeur : le train a disparu. Plus étrange encore, alors qu'ils parviennent enfin à rentrer chez eux, ils découvrent qu'un an s'est écoulé et qu'ils ont été remplacés par des clones... Auraient-ils basculé dans un monde parallèle ? Que s'est-il réellement passé ?

Mon Avis

Un groupe d'adolescents à bord d'un train qui déraille dans un tunnel ? "Dragon Head" !
J'ai aussitôt été intéressée par ce one-shot car il me faisait fortement penser au manga "Dragon Head" de Minetarô Michizuki, publié en 2001 chez Pika Editions. Dans cette série en 10 tomes, un train rempli de collégiens va dérailler dans un tunnel après une explosion. Bilan : trois survivants, deux collégiens et une collégienne. Personne ne vient à leur secours et ils doivent donc s'entraider et survivre.
Mais l'intrigue du roman de Carlos Garcia Miranda est tout de même très différente. Eva regarde une vidéo sur YouTube qui lui a été envoyée par mail. Elle découvre horrifiée que le train, dans lequel elle et ses camarades voyagent en ce moment, va dérailler suite à une dispute entre certains de ses camarades et leur professeur de philo. Elle essaie alors d'intervenir alors que la fameuse dispute éclate. Néanmoins, l'incident se produit tout de même dans un tunnel.
A son réveil, elle et les autres découvrent stupéfaits que le train a disparu. Les six personnages devront donc se serrer les coudes et tenter de survivre jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux.
Après quelques péripéties et événements étranges, ils parviennent finalement à rentrer chez eux. Mais tout se complique lorsqu'ils s'aperçoivent qu'il s'est écoulé un an après l'accident et qu'ils ont été "remplacés" par des clones, totalement différents d'eux.

Concernant les personnages, ils sont tous adolescents, certes, mais assez plats malheureusement. Ils sont stéréotypés, entre le beau sportif musclé, sa petite amie belle, riche, populaire et exaspérante, le geek, la rebelle, le petit délinquant énervant et immature et la nouvelle qui n'a pas encore d'amis. Certains peuvent être touchants, comme Gabi, car on sent qu'il a des problèmes familiaux. Mais il a eu quand même le don de m'agacer. Je ne me suis pas tellement attachée aux personnages, un peu plats et mièvres avec leurs histoires d'amourettes. Mais il faut quand même que je précise que je ne suis plus une ado depuis longtemps, donc je ne suis sans doute pas la cible du roman.
Les dialogues sont omniprésents, mais un peu périlleux à suivre tant il y a de personnages.

Cependant, le roman n'est pas mauvais. Il est même assez surprenant. On pense avoir affaire à un voyage dans le temps. Mais on se rend compte plus loin dans l'histoire qu'on s'est lourdement trompé (je ne dévoilerai rien pour ne pas spoiler :) ).

Ensuite, "Au bout du tunnel" se veut résolument très moderne, avec l'insertion de mises en pages originales : version texto ; version Twitter ; articles de presse, etc.

Enfin, il faut bien l'avouer, le suspense est au rendez-vous, les rebondissements sont nombreux, on ne s'ennuie pas une seconde. J'ai adoré la façon dont l'auteur s'est amusé en faisant des petits retours en arrière maintes et maintes fois. J'ai également aimé la façon dont il se joue du lecteur... Qui est le clone ? Qui est l'original ?

En conclusion, "Au bout du tunnel" est un roman de SF agréable à lire, plein de suspense, de rebondissements. Il est surtout très surprenant par sa structure, ses faux-semblants et sa modernité. Néanmoins, les personnages plats et stéréotypés sont le point négatif de cette lecture. Dommage.


Ma note : 14/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^
(dans deux semaines car je pars en vacances la semaine prochaine ^^)









vendredi 10 juin 2016

Quand la nuit devient jour

"— (...) Je t'interdis de me juger, car tu n'as aucune idée de tout ce par quoi je suis passée pour en arriver là. Je vis un enfer depuis des années, je me mutile, je me blesse, je me fais saigner pour oublier à quel point chaque seconde de cette misérable existence est une lutte. Tu vois l'euthanasie comme une faiblesse ? Tu te trompes, ce sera ma délivrance !"


Auteur : Sophie Jomain
Editeur : Pygmalion
Genre : Contemporain
Date de parution : 27 avril 2016
Nombre de pages : 238
Prix : 16 €


4e de couverture

On m'a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m'enfonce une épine dans le pied, décrire l'échauffement d'une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j'ai trop mangé, de l'élancement lancinant d'une carie, mais je suis incapable d'expliquer ce qui me ronge de l'intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n'est en mesure de m'aider. Dieu, la science, la médecine, même l'amour des miens a échoué. Ils m'ont perdue. Sans doute depuis le début.
J'ai vingt-neuf ans, je m'appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.

Mon Avis

J'avais vraiment envie de lire le dernier roman de Sophie Jomain. D'abord, parce que j'entends énormément parler de cette auteure, très connue dans la blogosphère, et je n'avais encore jamais lu un de ses livres. Deuxièmement, ce roman aborde deux thèmes encore tabous en France que sont la dépression et l'euthanasie volontaire assistée. Et enfin, j'avais cru comprendre que la lecture de ce roman était éprouvante et émouvante, donc, curieuse que je suis, je n'ai pas hésité une seconde pour me l'offrir.

Ce récit à la première personne narre l'histoire de Camille, une jeune femme de 29 ans. Elle a grandi entourée de parents aimants, elle n'a jamais manqué de rien. Mais elle souffre de dépression depuis l'enfance. Malgré plusieurs hospitalisations, cette maladie invisible lui fait subir d'horribles épreuves : boulimie, anorexie, auto-mutilation et tentatives de suicide. Pour Camille, c'est certain, elle ne guérira jamais. Pour partir dignement, elle décide de demander l'euthanasie assistée en Belgique. Son dossier validé, elle s'installe dans un centre médical belge en attendant la date de son euthanasie. Elle y rencontrera le Dr Peeters, un psychiatre profondément humain, qui bouleversera sa vie.

Camille raconte son parcours, depuis sa pré-adolescence jusqu'à sa décision finale, dans un long prologue d'environ 30 pages. Lorsque la date de son euthanasie a été fixée, le premier chapitre débute.
Ce long prologue nous relate ses souffrances intérieures, son combat et ceux de ses parents pour s'en sortir, et surtout ses nombreux échecs. Cette partie aurait peut-être mérité quelques développements. Néanmoins, est-ce vraiment utile dans un prologue ?
L'écriture est simple, brute, sans envolée littéraire et autres figures de style. C'est ce qui rend la plume de Sophie Jomain percutante. L'histoire de Camille ne peut que nous toucher. On apprend beaucoup sur la dépression grâce à ce livre. Oui, la dépression est une vraie maladie, invisible mais réelle, qui peut détruire une personne.  

La seconde partie du roman est caractérisée par l'apparition d'une romance entre Camille et le Dr Peeters. J'ai été moins convaincue par cette partie, cette romance ne m'ayant pas vraiment intéressée. Certes, le côté protecteur du médecin, si différent des autres, est touchant. Mais je trouve que cette romance arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, et prend un peu trop d'ampleur à mon goût.


Par ailleurs, Camille est un personnage qui m'a étonnée de part sa force, sa détermination sans faille, sa maturité.


Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce roman, ce sont les confrontations de Camille face à ses parents. Ce sont des personnages formidables, prêts à tout pour aider leur fille, mais qui doivent faire face à sa décision. En tant que maman, ces deux personnages m'ont énormément touchée. Leurs réactions sont cohérentes. L'un, prenant cette décision comme une trahison, ne parle plus à Camille. L'autre garde toujours l'espoir d'une guérison future. Ainsi, l'auteure nous parle des souffrances de Camille, mais également de celles de ses parents.

Enfin, la fin du roman a été largement évoquée dans diverses chroniques. Au début, j'étais moi aussi un peu frustrée de cette fin ouverte. Mais au final, avec un peu de recul, c'était une fin appropriée. Elle permet de se faire notre propre idée, de faire marcher notre imagination, et ce n'est pas plus mal.



En conclusion, ce roman n'a pas dû être facile à écrire pour Sophie Jomain, mais pour moi elle a réussi son pari. Ce qui était important, en effet, c'était qu'elle l'écrive. Pour démêler le vrai du faux de cette maladie invisible qu'est la dépression, pour lever le voile sur les raisons d'un recours à l'euthanasie volontaire assistée.  Pour comprendre tout simplement. Ce roman m'a touchée, tout particulièrement le rapport entre Camille et ses parents. Il m'a, en tout cas, donné envie de lire d'autres romans de Sophie Jomain, dont j'apprécie beaucoup la plume.

Ma note : 16/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^



jeudi 2 juin 2016

La Mort est une femme comme les autres

"Ils n'étaient rien que des parasites qui lui pourrissaient l'existence depuis la nuit des temps, des cafards geignants avec leurs petites pattes adhérentes. Et encore, la comparaison n'était pas avantageuse pour les cafards qui avaient la décence de mourir sans se plaindre, eux."

Auteur : Marie Pavlenko
Editeur : Pygmalion
Genre : Fantastique
Date de parution : 7 octobre 2015
Nombre de pages : 193
Prix : 16 €


4e de couverture

Imaginez un monde où personne ne s'éteint.
Imaginez un service de soins palliatifs où personne ne succombe.
Imaginez un univers où la mort en a ras la faux et fait un burn out.

Emm n'en peut plus. Un matin, elle s'arrête et s'assoit. Ses bras sont de plomb, elle pèse une tonne, elle ne peut plus se lever.
En se laissant aller à son spleen, elle rencontre Suzie, une jeune femme dont la gentillesse va l'émouvoir.
Commence alors un périple extraordinaire au cours duquel Emm va découvrir la richesse de la nature humaine.

Mon Avis

J'avais lu que de bonnes critiques à propos de ce roman. Je me suis donc précipitée dessus. La Mort en burn-out avait en effet attisé ma curiosité.
J'ai découvert un court roman (moins de 200 pages) atypique, surprenant et incroyablement hilarant.

Le monde prend doucement conscience que plus personne ne meurt. La maladie et la souffrance existent encore, mais impossible de passer de l'autre côté. La raison ? Emm, la Mort, est complètement épuisée, avachie sur le canapé  "couleur rat d'égout" du dernier homme qu'elle vient de faucher. Elle se sent vidée, à plat, comme "un pneu crevé". Emm, vêtue d'une chemise noire "à motifs bassets d'Artois" et d'un short en satin rouge de pom-pom girl, a décidé de ne plus se lever, au grand dam de sa faux, qui essaie vainement de la raisonner. Pendant ce temps, le service de soins palliatifs d'Anatole est surchargé, et le chaos règne peu à peu sur la planète.
Emm, qui décide enfin à se bouger, finit par croiser le chemin de Suzie, une jeune femme de 31 ans, qui souffre d'un cancer en phase terminale. Peu à peu, au fil de ses rencontres avec des personnages singuliers, Emm change sa façon de voir les choses et découvre les bonnes facettes de la nature humaine.

Vous l'aurez compris, ce roman est extra-ordinaire. Oui, vraiment. Pourquoi ?
D'abord, grâce à ses personnages. Emm, par exemple, est un personnage excentrique, sans gêne et horripilant.

"— Pouah, ça sent la mort, ici ! éructa le concierge en se couvrant le nez de son bras replié.
— Et mon poing dans ta gueule... grogna Emm." (page 42).

Ce n'est pas exactement l'image qu'on se serait fait de la Mort de prime abord... Et cette représentation originale de la Faucheuse fait du bien !
Avec Suzie, qui est la gentillesse incarnée, on réfléchit à la peur de mourir - jeune qui plus est - et à l'essence même d'aimer. Son discours sur ces sujets sont assez brefs mais parlants. En plus de l'humour décapant, le roman nous amène à méditer sur des questions essentielles (peur ou attente de la mort, l'amour, la nature humaine au sens large, ses bons et mauvais côtés).
Quant à Joséphine Paladru, la mère envahissante d'Anatole, elle semble sortir tout droit de la comedia dell'arte. On a vraiment envie de la faire taire.
Enfin, Germain, voisin retraité de Suzie et seul depuis des années, est également un énergumène farfelu, passionné de chants tyroliens et qui a un boa comme animal de compagnie.
Bref, la palette de personnages est diverse et variée.

Ensuite, le style est fluide, la lecture est agréable. Le roman est court mais le contenu est riche. Pour ma part, contrairement à certaines critiques, je n'ai pas besoin de pages supplémentaires. Je trouve que le récit est bien comme il est, qu'il ne faut pas plus de développements. Les messages sont passés et bien compris. Par ailleurs, j'aurais bien vu le texte adapté au théâtre... ? Pourquoi pas ?

En conclusion, "La Mort est une femme comme les autres" est un roman clairement hors norme. C'est un livre qui nous amène à réfléchir sur la mort (que se passerait-il si la mort n'existait pas ? Pourquoi a-t-on si peur de mourir ?) mais aussi sur la vie et la nature humaine, ses bons et mauvais côtés.
Pour moi, lire ce livre est comme une parenthèse dans ma vie. J'arrête tout, je me pose, je  le lis, je réfléchis au rapport que j'ai avec la mort, avec la vie, sans me prendre la tête, et avec l'humour en plus, pour décompresser.
A coup sûr, je relirai ce roman de Marie Pavlenko dans quelques années... Rien de tel pour me remettre d'appoint et rire aux éclats.


Ma note : 19/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^