jeudi 30 novembre 2017

Throwback Thursday livresque #55

Le Throwback Thursday livresque est un nouveau rendez-vous inspiré du "Throwback Thursday" d'Instagram, et créé par le blog BettieRose Books.
Le principe est simple : on partage chaque jeudi une lecture qui correspond à un thème donné.
Le récapitulatif des liens se trouve sur le blog BettieRose Books.

Le thème de cette semaine est :


Le livre le plus court de ma bibliothèque
(mais que j'ai aimé)


J'aime les livres courts car ce sont très souvent des romans riches en émotions, percutants, qui ne contiennent pas de très longues descriptions et qui font quelques fois la part belle aux joutes verbales. J'ai fouillé dans ma bibliothèque et évidemment, les livres les plus courts sont les romans d'une célèbre auteure belge native du Japon... J'adore ses romans, qu'on peut lire d'une traite. Lequel est-ce ?
Il s'agit de...


Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la
victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté. C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme. C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas.

Cosmétique de l'ennemi, Amélie Nothomb, Le Livre de Poche, mai 2003, 120 pages,
5,60 €.

La conclusion de ma chroniqueCosmétique de l'ennemi explore avec sarcasme et brutalité la partie la plus sombre de l'âme humaine. Ce dialogue de 120 pages est intensément bien écrit, le style est puissant et efficace. La fin est magistrale, fracassante et inoubliable. C'est une joute verbale cruelle qui ne laisse pas indifférent. Il n'y a qu'Amélie Nothomb pour nous faire passer du rire à l'effroi en quelques mots. Avec elle, on ne sait jamais dans quelle direction on va. Mais on sait toujours que la chute sera terrible. Une vraie réussite, as usual.



A bientôt pour une prochaine chronique ^^






mercredi 29 novembre 2017

Book-haul : novembre 2017

Le mois dernier a été une catastrophe en matière de dépenses. Je m'étais donc jurée de limiter mes achats durant le mois de novembre. Ai-je tenu ma promesse ?... Un peu. Disons que cela aurait pu être mieux, mais qu'il y a eu pire. Voilà, disons ça. ^^





Mes achats



    









Pour ma défense, le collector de La Servante écarlate est en hardback et il est divin... les coffrets Ken Follett sont tellement beaux avec leurs tranches argentées... et enfin, j'ai acheté Le Murmure de l'ogre et Le Prodige chez Noz pour 6 € les deux... 
ET SURTOUT je vous ferai gagner quelques uns de ces titres exposés en images ci-dessus pour le concours de Noël... Lesquels ? Surprise... Rendez-vous début décembre sur le blog, Twitter, Facebook et Instagram :) 


Mon E-book





SP


Merci aux éditions Fayard et à NetGalley !
Les Flamboyantes de Robin Wasserman (traduit par Nathalie Bru) sort en librairie
le 17 janvier 2018 !




Mes cadeaux





J'ai gagné ces deux thrillers de Sophie Loubière à un concours organisé par Pocket
sur Twitter !
Merci aux éditions Pocket ! 




Pas mal, non ? Moins d'achats que le mois dernier. Je suis fière de moi. En décembre, l'objectif c'est zéro achat. Je pense y arriver sans problème... Ahem. On verra bien le mois prochain :)


Je vous souhaite de belles lectures.

A bientôt pour une prochaine chronique ^^







mardi 28 novembre 2017

"Victor Hugo vient de mourir" de Judith Perrignon

Le trépas d'un Immortel

"C'est ici le combat du jour et de la nuit"



Présentation de l'éditeur :

Vibrez de la ferveur et de la fureur de Paris,
vivez les funérailles de l'Immortel.
Le poète vient de rendre son dernier souffle et, déjà, la nouvelle court les rues, entre dans les boutiques, les ateliers, les bureaux. Paris est pris de fièvre. Chacun veut rendre un dernier hommage et participer aux obsèques nationales qui mèneront l'Immortel au Panthéon. Deux millions de personnes se presseront sur le parcours du corbillard en ce jour de funérailles intense et inoubliable.
D'un événement historique et en tout point exceptionnel naît un texte intime et épique où tout est vrai, tout est roman.


Mon Avis 

Après avoir terminé de lire la biographie de Max Gallo sur Victor Hugo (ma chronique), j'ai trouvé judicieux de commencer directement par le court roman de l'écrivain et journaliste Judith Perrignon.

Le roman commence quelques jours avant la mort de Victor Hugo. Cinq cents personnes se sont assemblées devant son hôtel particulier, "La Princesse de Lusignan", situé au 50 avenue Victor-Hugo. Elles ont su par la presse que ces derniers jours ont été difficiles pour le poète : crises d'agitation dans lesquelles "les souffles sont des râles", syncope, malgré quelques sursauts qui auraient pu faire croire qu'il est en bonne santé. Mais le 22 mai 1885 à treize heures et vingt-sept minutes précises, alors que la foule s'amasse devant chez lui, l'Immortel rend son dernier souffle. Tous savent alors que le fils du siècle s'en est allé et qu'une page se tourne.


"Peuple et gouvernement s'unissent dans une même attente. Seules les guerres et les catastrophes ont cet effet. Bien sûr il est vieux et la vie n'a jamais rien promis d'autre que de s'en aller. La sienne a duré longtemps, quatre-vingt-trois ans, mais si longtemps, si intense, si vibrante, si enroulée sur son temps, son siècle, ce dix-neuvième qui a cru au progrès mécanique de l'Histoire, qu'on dirait qu'un astre va s'éteindre dans le ciel. La foule pressent le vide. Elle voudrait laisser planer encore la présence du poète, sa voix par-dessus et entre les hommes. Le poète a charge d'âmes. C'est lui qui l'a dit, et quelque chose d'électrique dans l'air montre qu'il y est parvenu." (page 11)

La journaliste Judith Perrignon s'appuie sur les rapports de la préfecture de Paris, qui rend compte chaque jour de l'état de santé du poète, puis sur les articles de journaux de l'époque. Alors que Max Gallo nous laissait avec les pleurs de Jeanne et Georges, les petits-enfants de Victor Hugo, et ses toutes dernières paroles, Judith Perrignon raconte à la fois son agonie, sa mort, mais surtout les jours qui la suivent. "Soyez heureux, pensez à moi, aimez-moi" furent ses derniers mots. 

On retrouve un personnage récurrent de la biographie de Max Gallo, Edouard Lockroy, celui qui a épousé la belle-fille de Victor Hugo. C'est lui qui fait en sorte que les dernières volontés du poète soient respectées. Pourtant, dans Victor Hugo de Max Gallo, l'entente entre le vieux poète et le ministre Edouard Lockroy n'était pas au beau fixe. En effet, ce dernier pense qu'il a prit la place du fils et que le poète ne le lui a jamais pardonné. 


"Paris est un corps fiévreux tandis que le poète lutte contre l'attraction de la terre. On dirait qu'en mourant, qu'en glissant dans l'abîme, il creuse un grand trou et y aspire son temps, sa ville. Comme dans ses livres. Danger les Misérables, le peuple de Paris." (page 20)

Républicains, socialistes, catholiques, anarchistes, tous "veulent prendre ce ventre, tirer le cadavre de leur côté. Mort, cet homme-là parlera encore". Judith Perrignon parle de ces Communards qui renferment en eux des rancœurs persistantes envers Victor Hugo. Mais le grand homme est une figure marquante de leur époque. Ils sont en désaccord avec ses idéaux. Cependant, ils ne peuvent le nier, Hugo est le porte-parole des Misérables, de ceux qui souffrent de la pauvreté et qui n'ont pas de "voix" pour se faire entendre.

Puis, il y a ce personnage massif de la foule, celle qui s'agglutine devant l'hôtel particulier de Victor Hugo. Elle sait pertinemment ce que la mort de Victor Hugo signifie. C'est la disparition d'une légende, d'une légende de leur siècle.


"Et c'est marée montante devant la maison du poète. La foule est de plus en plus considérable. Depuis des jours, elle a vécu suspendue au récit de son agonie, depuis des années au son de sa voix. (...) Elle fait du sentiment, pas de politique, elle n'est qu'instinct, protéiforme, elle sait qu'il était l'homme des grandes espérances. Elle sait l'essentiel." (page 28)

Judith Perrignon tient néanmoins un propos appuyé sur la politique de l'époque. Tous les partis veulent "récupérer" la mort de Victor Hugo. La "récupération", un terme tellement actuel dans notre époque. La République de 1885 est fragile. Dans le passé, le poète assista à maintes émeutes dans tout Paris. Le cortège funèbre peut donc être fortement perturbé par les Communards ou les monarchistes. L'enjeu est là pour Lockroy et les Républicains : maintenir l'ordre afin qu'il n'y ait pas d'incident. Et la foule grandit. La République n'est pas rassurée. 

Enfin, l'auteure à la fin du roman, expose à son lecteur son sentiment vis-à-vis des derniers mots de Victor Hugo : "Aimez-moi". Je pense qu'elle tient ici des mots très justes : "Il ne parlait pas qu'à ses petits-enfants, mais à tous ceux qui restaient, qu'ils soient dedans, dehors, ou même pas encore nés. Il s'infiltrait dans l'avenir, nos têtes, nos cœurs, nos corps, quitte à nous laisser désemparés, un peu idiots, perdus face aux extrémités du monde." Il nous manque un Victor Hugo aujourd'hui. A mes yeux, personne ne l'égale. Aujourd'hui, à notre époque, qui fait office de figure de légende, comme Victor Hugo ? Qui est capable comme lui de s'offusquer contre un régime, de dénoncer les inégalités sociales, de parler au nom de ceux qui n'ont pas de voix ? 

En bref, Victor Hugo vient de mourir est un roman extrêmement bien documenté, qui nous fait vivre l'agonie du grand poète, entouré de ses amis et de ses petits-enfants. Judith Perrignon insiste sur cette foule de plus en plus dense qui s'amasse devant son hôtel particulier à l'annonce de sa mort. Ensuite, le roman prend une tournure politique, en suivant tour à tour des Communards, des monarchistes et des Républicains qui veulent récupérer la mort du poète ou troubler le cortège. Nous assistons aux obsèques nationales, avec un cortège composé de deux millions de personnes. La réflexion personnelle de l'auteure à la fin du livre rapproche le contexte du XIXe siècle avec notre propre époque. Même si la politique est peut-être un peu trop présente dans ce roman, le ton éloquent, presque théâtral finit de le rendre passionnant.

Victor Hugo vient de mourir, Judith Perrignon, Pocket, 165 pages, janvier 2017, 5,95 €.

Bonus : pour lire les premières lignes de ce récit, cliquez ici !

A bientôt pour une prochaine chronique ^^




lundi 27 novembre 2017

C'est Lundi, que lisez-vous ? #72

C'est l'heure du célèbre rendez-vous "C'est lundi, que lisez-vous ?", inspiré de It's Monday, What are you reading ?, repris par Galleane. Le récapitulatif des liens se fait sur son blog.


Chaque lundi, on répond à trois questions :
1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?


La semaine dernière, j'ai lu :



J'ai lu le cultissime Et au milieu coule une rivière, l'autobiographie de Norman Maclean. Ce livre fait l'objet d'une lecture commune avec le groupe Facebook de Léa Touch Book, Picabo River Books. Ce récit a été réédité ce mois-ci par les éditions Rivages. J'ai adoré cette lecture, notamment les dernières pages, d'une beauté saisissante. C'est notamment un très bel hommage à la nature. 
Dans le cadre du challenge The Black November, j'ai voulu d'abord lire Territoires d'Olivier Norek, puis finalement comme je venais d'acheter la jolie réédition du Crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie, revêtue de l'affiche du film... je n'ai pas pu résister. Puis, je reste dans le thème : Hercule Poirot est un personnage récurrent, on est d'accord... (même si ce n'est pas un thriller, c'est pas grave, hein). J'ai adoré ma lecture ! J'ai aimé le personnage de Hercule Poirot, j'ai adoré l'humour d'Agatha Christie et cette fin à couper le souffle... J'ai bien envie de lire toute la saga (il me reste juste 39 livres à lire, c'est jouable :) ).
Enfin, j'ai lu Territoires d'Olivier Norek, la suite de Code 93, toujours dans le cadre du challenge The Black November. Je l'ai trouvé encore mieux que le premier tome. C'est addictif, violent, ultra-réaliste.


En ce moment, je lis :

Au coeur du Cantal, dans la chaleur d'août 1914, les hommes se résignent à partir se battre, là-bas, loin. Joseph, tout juste quinze ans, doit prendre soin de la ferme familiale avec sa mère, sa grand-mère et Léonard, vieux voisin devenu son ami. Dans la propriété d'à côté, Valette, tenu éloigné de la guerre en raison d'une main atrophiée, ressasse ses rancoeurs et sa rage. Et voilà qu'il doit recueillir la femme de son frère, Hélène, et sa fille Anna, venues se réfugier à la ferme. L'arrivée des deux femmes va bouleverser l'ordre immuable de la vie dans ces montagnes. Roman d'amour et de fureur, Glaise confirme l'immense talent de son auteur à mettre en scène des hommes et des femmes aux prises avec leurs démons et avec les fantômes du passé. Des espaces, des personnages d'une terrible force, l'art de la narration : l'univers, l'écriture, la musique font de Franck Bouysse un raconteur d'histoires dans la plus grande tradition américaine. Après Grossir le ciel, prix SNCF du polar 2017, et Plateau, prix de la Foire du Livre de Brive, Franck Bouysse s'impose comme une voix incontournable de la littérature française contemporaine.


Mes prochaines lectures :



Articles publiés la semaine dernière :

Cette semaine sur le blog...
  • Je n'ai pas trouvé le temps pour rédiger le compte-rendu de la rencontre-dédicaces avec Pierre Bordage, j'en suis désolée... Je le publierai cette semaine!
  • Autre sujet, je ne participerai pas au Cold Winter Challenge cette année finalement. Peu de livres dans ma PAL correspondent aux thèmes, et j'ai envie de lire des livres différents en ce moment... Moi et mes humeurs changeantes... On ne se refait pas ! ^^
  • Cette semaine, préparez-vous à trouver sur le blog : des chroniques (deux j'espère...), le bilan et le book-haul de novembre, et enfin le compte-rendu de la rencontre-dédicaces avec Pierre Bordage. Et peut-être avec le premier rendez-vous, "Focus on", qui sera consacré au roman Police de Hugo Boris.

Je vous souhaite une excellente semaine remplie de très belles lectures.

A bientôt pour une prochaine chronique ^^








dimanche 26 novembre 2017

Premières lignes #17 : "Le Crime de l'Orient-Express" d'Agatha Christie

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...



Je vous propose aujourd'hui de lire les premières lignes d'un grand classique de la littérature anglaise, Le Crime de l'Orient-Express de la célèbre Agatha Christie. Je l'ai terminé hier et ça a été une excellente lecture. La couverture de la nouvelle édition (c'est l'affiche du film de Kenneth Branagh qui sort le 13 décembre prochain) est magnifique ! La couverture vintage des éditions du Masque n'est pas mal non plus.




PREMIERE PARTIE

LES FAITS




UN VOYAGEUR DE MARQUE SUR LE "TAURUS-EXPRESS"



     A cinq heures du matin, en gare d'Alep, stationnait le train désigné sous le nom pompeux de "Taurus-Express". Il comprenait un wagon-restaurant, un sleeping-car et deux autres voitures.
     Devant le marchepied du sleeping-car, un jeune lieutenant français, en uniforme élégant, couvert d'un épais manteau, conversait avec un petit homme emmitouflé jusqu'aux oreilles et dont on n'apercevait que le bout du nez rouge et deux fortes moustaches relevées en croc.
     Par ce froid glacial, accompagner au train un étranger d'importance n'offrait rien d'enviable, mais le lieutenant Dubosc s'acquittait de cette corvée avec une bonne grâce parfaite et prodiguait au voyageur des amabilités en un langage des plus châtiés. Le jeune officier ne savait pas au juste de quoi il s'agissait. De vagues rumeurs avaient circulé dans la garnison. Le général - son général - s'était montré pendant quelques jours d'humeur massacrante, jusqu'à l'arrivée de ce Belge qui, paraît-il, avait fait tout exprès pour cette occasion - quelle occasion !... - le voyage d'Angleterre en Syrie. Après une semaine écoulée dans une atmosphère des plus tendues, les événements s'étaient précipités : un officier avait démissionné, un personnage occupant des fonctions civiles avait été rappelé par son gouvernement. Puis les visages anxieux s'étaient rassérénés et certains règlements rigoureux s'étaient peu à peu relâchés ; enfin, le général - le général du lieutenant Dubosc - avait retrouvé sa bonne humeur. 
     Dubosc avait surpris quelques bribes de conversation entre son chef et l'étranger.

     Mon cher, disait le vieux général d'une voix émue, vous avez éclairci une affaire pénible et évité de graves complications ! Comment vous remercier de votre empressement à répondre à mon appel ?
     A quoi l'étranger (M. Hercule Poirot, pour l'appeler par son nom) avait fait une réponse adéquate où entrait cette phrase :
     Je ne saurais oublier, mon général, qu'un jour vous m'avez sauvé la vie.


Le Crime de l'Orient-Express (Murder On The Orient Express), Agatha Christie, traduit de l'anglais par Jean-Marc Mendel, Le Livre de Poche, 220 pages, novembre 2017, 6,30 €.


Je vous souhaite un très bon dimanche et de belles lectures.

A demain ^^








jeudi 23 novembre 2017

Throwback Thursday livresque #54

Le Throwback Thursday livresque est un nouveau rendez-vous inspiré du "Throwback Thursday" d'Instagram, et créé par le blog BettieRose Books.
Le principe est simple : on partage chaque jeudi une lecture qui correspond à un thème donné.
Le récapitulatif des liens se trouve sur le blog BettieRose Books.

Le thème de cette semaine est :


Best Friends


Pour ce nouveau thème, je vous parle d'un trio d'amis, dont la tendre complicité me rend jalouse (oui, j'avoue ^^). Comme tous les meilleurs amis, ils se confient, se chamaillent, s'entraident. J'adore ces personnages à la fois drôles, touchants, tout simplement humains. Ces trois amis, Isabelle, Alexandre et Amina, sont les personnages d'un roman pétillant qui met du baume au cœur et que je vous recommande vivement... Il s'agit de :


Isabelle a 32 ans, un chihuahua nain prénommé Woody-Allen et une carrière d’actrice comparable à celle du Titanic : prometteuse en théorie, catastrophique en pratique.
Le jour où elle refuse la demande en mariage de l’homme qu’elle aime, sous prétexte qu’elle ne veut pas d’enfant, elle se retrouve à la rue, avec pour toute fortune vingt-quatre euros sur son compte en banque. Elle est alors forcée d’accepter le seul travail qu’on lui propose : utiliser ses talents de comédienne pour séduire Jan Kozlowski, un jeune veuf sur le point de se remarier.
La voilà donc partie en Italie, dans la maison de vacances de la richissime et déjantée famille Kozlowski. Seule ombre aux deux semaines de dolce vita qui se profilent : pour exécuter en toute discrétion sa mission « séduction », Isabelle devra jouer le rôle de l’irréprochable nanny anglaise de Nicolas, 8 ans, qui n’a pas prononcé un seul mot depuis la mort de sa mère cinq ans plus tôt. Isabelle est bien loin d’imaginer à quel point cette rencontre improbable avec ce petit garçon blessé par la vie va bouleverser sa vision du monde.


Là où tu iras j'irai, de Marie Vareille, Mazarine, 378 pages, mars 2017, 17,90 €, format numérique : 12,99 €.



Je vous souhaite de très belles lectures.

A bientôt pour une prochaine chronique ^^



mercredi 22 novembre 2017

"Victor Hugo" de Max Gallo

La destinée du fils du XIXème siècle

"Encrier contre canon.
L'encrier brisera les canons."



Présentation de l'éditeur :


Victor Hugo est un grand, un immense écrivain. Tout le monde le reconnaît. Mais que sait-on de l'homme, de l'époux, de l'amant ? Et d'abord de l'enfant, écartelé entre son père soldat et sa mère vendéenne, tous deux se déchirant sur la garde de leurs trois fils.

À douze ans, Victor écrit ses premiers poèmes, à quatorze il veut "être Chateaubriand ou rien", à dix-huit ans l'Académie française le célèbre, déjà, et déjà ses colères politiques présagent de son avenir !

Car il sera de tous les combats, dénonçant la misère du peuple, luttant contre la peine de mort, contre les injustices, visitant les prisons, les bagnes...

Lors du coup d'état du 2 décembre 1851, il monte sur les barricades. Menacé de mort, il devra fuir, d'abord en Belgique, puis à Jersey et à Guernesey où la vie se réorganise en famille avec, à ses côtés, sa fidèle maîtresse, Juliette, qui recopie inlassablement ses manuscrits.

Un portrait fascinant qui éclaire de l'intérieur ce siècle passionnant que fut le XIXe siècle, naissant de la Révolution pour mettre au monde la République.


Mon Avis


1819, place du Palais de Justice, Paris. Un échafaud est dressé sur cette place baignée du soleil de midi. "Une femme était attachée à un poteau par un carcan qui lui serrait le cou. C'était une voleuse. La foule se pressait autour d'elle. Dans un réchaud plein de charbons ardents, un fer rougissait." Le bourreau a saisi le fer et a marqué l'épaule de la voleuse. Le cri qu'elle poussa a marqué à vie un jeune homme qui a assisté à la scène. "Pour moi, c'était une voleuse, ce fut une martyre. Je sortis de là déterminé (...) à combattre à jamais les mauvaises actions de la loi." Celui qui écrit ces lignes se nomme Victor Hugo. Il a 16 ans.

Max Gallo (1932-2017), célèbre écrivain et historien, a écrit la biographie de Victor Hugo en deux volumes, sortis en 2001. Le premier volume, Je suis une force qui va !..., et le deuxième, ... Je serai celui-là !, sont réunis dans un seul et même livre, Victor Hugo. Avec son style clair, simple et ses grandes qualités de pédagogue, Max Gallo nous relate la vie grandiose du célèbre poète, de sa naissance à son dernier souffle. En un peu plus de 800 pages, il nous offre un portrait fascinant de ce grand homme, avec ses valeurs mais aussi avec ses travers. Qui était Victor Hugo, l'homme, l'époux, l'amant, l'homme politique, le poète engagé ? Dans ce livre paré de nombreux extraits des écrits du poète, Max Gallo nous explique, année par année, au fil du XIXe siècle et de ses périodes troubles, qui était véritablement cet immense homme de lettres.

Victor Hugo par Nadar (vers 1884)

Inutile de vous raconter toutes les périodes de son existence, Max Gallo le fait bien mieux que moi ! Cependant, j'ai été surprise de constater que Victor Hugo a vécu une enfance perturbée. Ses parents se séparent rapidement et se déchirent sur la garde de leurs trois enfants. Il voyage entre Paris et Marseille : tantôt il est avec son père, tantôt avec sa mère. Le jeune Victor a l'impression à chaque séparation de perdre une partie de lui-même. Sa famille disloquée engendre chez lui solitude et peur. A trois ans, il assiste à la chute mortelle d'un ouvrier sur le chantier de l'hôtel du cardinal Fesch, l'oncle de Napoléon. Cette "mort violente" restera ancrée dans la mémoire de Victor.

Son enfance est également marquée par des voyages en Espagne et en Italie, dus aux affectations militaires de son père, général de l'Empire. Ces paysages lui inspireront bien plus tard les recueils Odes et Ballades (1826) et Les Orientales (1829).
A 11 ans, il écrit ses premiers vers.
A 14 ans, il traduit Virgile, Horace et Lucrèce. Il entretient une forte rivalité avec son frère, Eugène, de trois ans son aîné. Victor en ressort très largement gagnant : il reçoit une mention au concours de l'Académie française et remporte cinq autres prix les années suivantes. C'est qu'il est ambitieux, Victor : il écrit dans la marge de son cahier, à 14 ans, "Je veux être Châteaubriand ou rien."

"Ecrire, c'est faire fondre tous ces sentiments, et tout ce que l'on a appris, et tout ce que l'on rêve, dans le grand creuset intérieur où se forgent les mots. Ecrire, c'est laisser couler hors de soi tout ce que l'on est, puis marteler cette matière en fusion, comme le font les forgerons de l'impasse du Dragon avec le fer. Ecrire comme respirer. Si l'on s'arrête, on meurt. (...) Les sentiments qu'il éprouve sont la matière en fusion, les mots sont le métal que l'on forge,
et les vers deviennent un glaive." (page 104)

"Le poète est comme un soldat. Il agit. Il combat. Il est comme Chateaubriand (...). Comme Voltaire qui dénonçait les injustices, il faut brandir ses œuvres comme une arme."

A 15 ans, face à cette guerre interminable entre ses parents, il décide de devenir indépendant. Il écrit beaucoup et lance même une revue à 17 ans, "Le Conservateur littéraire", grâce à laquelle il se fait remarquer. "Il existe enfin dans le débat littéraire et politique". Il commence à fréquenter les salons littéraires. Et il rencontre enfin son idole, Chateaubriand, à 18 ans. 
Contrairement à ce que l'on peut penser, Victor Hugo a vécu dans la misère à 20 ans, dans une petite chambre avec son frère Eugène. Ce dernier, grand perdant de cette rivalité fraternelle, souffre de dépression sévère. Après avoir enfermé son frère dans un asile, Victor se marie avec son amie d'enfance, Adèle, et eut cinq enfants. 

En exil à Jersey, en 1853.

Max Gallo insiste beaucoup sur l'engagement du poète contre la peine de mort. Il a toujours également défendu les enfants qui vivent dans la misère. Ses œuvres militantes, Le Dernier Jour d'un condamné, Notre-Dame de Paris, Claude Gueux, Les Misérables, sont de grands succès. Et ce succès, aussi bien romanesque que sur les planches, suscite beaucoup de jalousies, dont celle du poète et critique Sainte-Beuve, qui comptait pourtant parmi ses plus chers amis. Certaines de ses pièces (Ruy Blas et Marion de Lorme) sont parfois même interdites. Mais Hugo ne renonce pas. 

L'historien présente également Victor Hugo sous des traits beaucoup moins reluisants. Après la naissance de ses cinq enfants, Adèle décide de faire chambre à part. Elle est lasse et peu préoccupée par la vie trépidante de son mari. Hugo rencontre en 1833 une jeune actrice, Juliette Drouet. Depuis ce jour, il ne cessera jamais de l'aimer. Mais il est si possessif qu'il s'emploie à enfermer sa bien-aimée dans une maison éloignée de Paris. Puis, on apprend, stupéfaits, qu'Adèle accepte cette situation et qu'ils entretiennent, elle et son mari, une relation de simple amitié. Hugo ne s'arrête pas là puisqu'il trompe également son amante avec des actrices et des femmes de ménage. "Chaque fois qu'il possède une femme, que le désir est assouvi, il a l'impression d'être plus avide encore. Un corps ne le rassasie pas." Un jour, Juliette apprendra la vérité et Victor Hugo, secoué déjà par divers scandales afférent à ses maîtresses, s'en mordra les doigts. Néanmoins, Juliette fait figure de la femme loyale et dévouée, qui fera bon nombre de sacrifices pour le poète. 

Léopoldine Hugo, par Auguste de Chatillon

Après le portrait peu reluisant du poète-amant, Max Gallo souligne son attachement à sa famille, à ses enfants. En 1843, Hugo apprend la mort tragique de sa fille Léopoldine. Elle avait 18 ans et venait de se marier. Il est dévasté. Ses enfants sont souvent malades. Sa dernière fille, Adèle, semble souffrir du même mal-être que celui de son frère Eugène. Hugo pense souvent que ces années noires sont les conséquences de ses "amours illégitimes".

Hugo s'engage en politique. Il s'insurge du fossé grandissant entre les pauvres et les riches. Il se prononce contre la peine de mort. "Il voudrait aussi que l'on protège les enfants les plus misérables et les plus exploités, voués au travail dès l'âge de cinq ans !"

"Quand il s'agit des enfants, la loi ne doit plus être la loi ; elle doit être la mère !"

Lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, Victor Hugo est outré lorsque Louis Napoléon Bonaparte emploie la force. Ses fils sont arrêtés à cause des articles qu'ils ont publiés sur le régime en place. Il appelle aux armes. La foule crie : "Vive Victor Hugo !" La résistance échoue et le poète est menacé de mort. Il s'exile avec Juliette à Bruxelles, puis à Jersey. Durant son exil, il écrit l'excellent recueil Les Châtiments, dans lequel il discrédite férocement Louis Napoléon Bonaparte. 
Et chose curieuse, durant son exil, il est coutumier des tables tournantes, des séances de spiritisme dans lesquelles il "converse" avec sa fille disparue Léopoldine, Jésus, Caïn, Dante, Shakespeare ou avec La Mort elle-même... Il est persuadé qu'il y a un au-delà et une force divine qui guide sa plume. 

Victor Hugo avec ses petits-enfants, Jeanne et Georges.
Source : Maisons de Victor Hugo

En bref, il y a tant à dire sur la longue vie de Victor Hugo ! Max Gallo s'y emploie merveilleusement dans un style simple, clair, limpide. On apprend énormément sur ce grand homme de lettres, sur ses valeurs, ses engagements, mais aussi sur ses travers et défauts. Cette biographie brillante, complète et passionnante nous immerge dans la vie du poète, et dans les périodes les plus sanglantes du XIXe siècle. Ce livre immense nous montre la destinée de Victor Hugo comme si l'on regarderait un film. Pas besoin d'avoir des notions poussées en Histoire ou en Littérature. Max Gallo nous explique tout en détails, simplement et clairement. Quand on quitte Victor à la dernière page, à son dernier souffle, on se sent un peu seul, comme abandonné. Une biographie d'exception, à offrir ou à s'offrir.





Un grand merci aux éditions XO !


Victor Hugo, de Max Gallo, XO Editions, 21 septembre 2017, 816 pages, 23,90 €, format numérique : 14,99 €.

Bonus : les premières lignes de cette excellente biographie se trouvent ici !

A bientôt pour une prochaine chronique ^^