dimanche 23 décembre 2018

Mon Top 10 de l'année 2018

Non, vous ne rêvez pas, vous lisez enfin un tout nouvel article sur le blog. C'est la publication bilan de cette année écoulée, une habitude que je renouvelle chaque mois de décembre. Et cette année 2018 a été l'année du changement, clairement. 




Nouveau nom, nouveau "design", lectures américaines ont marqué un grand tournant dans mon activité de blogueuse. 
D'une manière plus personnelle, 2018 a été un grand chamboulement dans ma vie : nouveaux horizons professionnels, nouveau corps (j'ai perdu 32 kilos !), nouvelle image... Et un beau projet qui va voir le jour en janvier : ma création d'entreprise. Je me lance enfin après dix ans de réflexion... Avec cette nouvelle activité, j'ai l'intention de proposer des services de secrétariat juridique à distance. En complément, je pourrais également exercer en tant que créatrice et rédactrice de sites professionnels WordPress pour des indépendants ou de très petites entreprises. J'ai hâte de commencer. Trêve de bavardage, place aux livres et à mon top 10 de 2018 !




1. Mon Désir le plus ardent, de Pete Fromm (Gallmeister)

Comment vous présenter ce magnifique roman écrit par l'auteur de Lucy in the sky ? C'est tout simplement la plus belle histoire d'amour qu'il m'ait été donné de lire jusqu'à présent. Maddy et Dalt forment un couple très attachant, lié par un amour qui parvient à surmonter les obstacles de la vie, dont la maladie, la sclérose en plaques de Maddy. Nous les suivons au gré des années qui passent, nous assistons à leurs moments de joie et à leur désespoir. C'est une histoire d'amour magnifique, authentique, loin mais tellement loin des clichés ! Un récit poignant, réaliste, drôle et émouvant à la fois. Faites la connaissance de Maddy et de Dalt, vous ne les oublierez jamais !  

Ma chronique (regardez la vidéo bonus à la fin de l'article et vous serez convaincu.e !)


2. My Absolute Darling, de Gabriel Tallent (Gallmeister)

Une nature sauvage, une région isolée, une forêt digne des sombres contes de fée, l'océan non loin de là. Turtle, une jeune fille de 14 ans, vit seule avec son père Martin dans une "maison" qui ressemble davantage à une cabane. Julia de son vrai nom, nommée "Croquette" par son père, Turtle vit dans la saleté, dans le désordre, parmi les rats qui dévorent la nuit les restes de son repas. Son père lui a appris tôt à se servir des armes. Elle sait manipuler les pistolets et les fusils. Elle a appris toutes les règles pour survivre dans un milieu hostile. Isolée, sans ami, rejetant la compagnie des femmes, elle s'enferme dans un monde bâti par son père, loin d'un monde qui court à sa perte, loin de cette société actuelle où tout n'est que bêtise, gâchis et destruction. "Mon amour absolu", voilà comment Martin nomme sa fille, si ce n'est parfois de "connasse", de "salope" ou encore de "petite moule illettrée". Martin aime sa fille d'un amour trop lourd, trop pesant, si bien qu'il en devient nocif et dangereux. Jusqu'à faire subir à sa fille de terribles sévices, qui nous laissent "sonnés". 
My Absolute Darling est un coup de poing magistral. Déroutant, dérangeant, à l'atmosphère lugubre, ce roman nous confronte à la douleur physique et intérieure d'une jeune fille attachante. Elle mène un dur combat pour sa liberté, pour son indépendance, et surtout pour se sentir vivante. Poussée par l'amitié qu'elle éprouve pour Jacob, elle décide de s'échapper de la "prison" dans laquelle l'a enfermée son père. La confrontation est imminente. Et on espère, on espère pour Turtle. Irrémédiablement, si vous décidez de lire ce premier roman, Turtle restera longtemps dans votre mémoire. Magistral. Redoutable. Inoubliable.



3. Tenir jusqu'à l'aube, de Carole Fives (Gallimard)

Cette histoire est simple, banale, mais si récurrente. Dans son quatrième roman, Carole Fives s'intéresse à une jeune mère solo (dont on ne connaîtra pas le nom) qui élève son fils de deux ans. L'écrasante routine et ses problèmes financiers la minent. En effet, graphiste freelance (statut qu'elle n'a pas choisi), elle ne recueille que quelques contrats par-ci par-là et a du mal à joindre les deux bouts. Inscrite sur la liste d'attente pour la crèche, et ne connaissant personne pour garder son garçon, elle n'a pas le choix : elle doit s'occuper de lui à chaque instant, gérer ses caprices, rester auprès de lui le soir jusqu'à ce qu'il s'endorme enfin, puis ranger, nettoyer jusqu'à tard le soir, et enfin tenter de travailler sur son ordinateur. On perçoit nettement la solitude et la fatigue de cette mère, qui fait tout ce qu'elle peut... dans une société individualiste qui semble avoir un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues.
Tenir jusqu'à l'aube est un roman poignant, percutant, féministe sur la vie d'une jeune mère qui fait de son mieux dans cette société fermée, individualiste et moralisatrice. Il nous ouvre également les yeux sur la situation précaire des mères solos, sur nos pensées parfois dures, dictées par une société mauvaise et bien-pensante. Un roman brillant sur une femme avide de liberté et de reconnaissance.



4. Filles de la mer, de Mary Lynn Bracht (Robert Laffont)

Il est parfois plus difficile de respirer en dehors de l'eau que dans les profondeurs des vastes océans... 
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ainsi commence l'histoire de deux soeurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, où l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.
Lier Histoire, aventure et émotions, voilà le talent de l'autrice américaine Mary Lynn Bracht. Ce beau roman m'a rappelé ma lecture de Geisha d'Arthur Golden et Shim Chong, fille vendue de Hwang Sok-Yong. Une merveille. Et sachez que c'est un premier roman !


5. La Saison des feux, de Celeste Ng (Sonatine)

À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l’image de l’existence parfaitement réglée d’Elena Richardson, femme au foyer exemplaire. Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s’installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d’abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l’entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights.
La Saison des feux est un thriller psychologique absolument remarquable. Ces deux femmes, ces deux familles, ces deux "mondes" sont fascinants. Secrets de famille, manipulations, faux-semblants, quelques coups bas, la tension va crescendo et nous sommes happés dans l'histoire. Les problématiques liées aux femmes, à la maternité, au racisme même, nous touchent directement et ne nous laissent pas indifférents. Un roman sur les femmes créé par une femme talentueuse. 



6. LaRose, de Louise Erdrich (Albin Michel)

Dakota du Nord, 1999. Un vent glacial souffle sur la plaine et le ciel, d'un gris acier, recouvre les champs nus d'un linceul. Ici, des coutumes immémoriales marquent le passage des saisons, et c'est la chasse au cerf qui annonce l'entrée dans l'automne. Landreaux Iron, un Indien Ojibwé, est impatient d'honorer la tradition. Sûr de son coup, il vise et tire. Et tandis que l'animal continue de courir sous ses yeux, un enfant s'effondre. Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich, avait cinq ans.
Ainsi débute le nouveau roman de Louise Erdrich, couronné par le National Book Critics Circle Award, qui vient clore de façon magistrale le cycle initié avec La Malédiction des colombes et Dans le silence du vent. L auteur continue d'y explorer le poids du passé, de l'héritage culturel, et la notion de justice. Car pour réparer son geste, Landreaux choisira d'observer une ancienne coutume en vertu de laquelle il doit donner LaRose, son plus jeune fils, aux parents en deuil. Une terrible décision dont Louise Erdrich, mêlant passé et présent, imagine avec brio les multiples conséquences.
LaRose est un roman brillant, intensément beau, magnifique. Légendes indiennes, deuil, vengeance, transmission, liens avec la nature et l'autre monde, ce livre est tout simplement empreint de magie. Notons également que l'excellente traduction d'Isabelle Reinharez. 




7. Le Poids du monde, de David Joy (Sonatine)

Après avoir quitté l'armée et l'horreur des champs de bataille du Moyen-Orient, Thad Broom revient dans son village natal des Appalaches. N'ayant nulle part où aller, il s'installe dans sa vieille caravane près de la maison de sa mère, April, qui lutte elle aussi contre de vieux démons. Là, il renoue avec son meilleur ami, Aiden McCall. Après la mort accidentelle de leur dealer, Thad et Aiden se retrouvent soudain avec une quantité de drogue et d'argent inespérée. Cadeau de Dieu ou du diable ? 
Avec Le Poids du monde, David Joy signe une fois de plus un bijou de roman noir. L'espoir est infime. "Aiden et Thad vont bien finir par s'en sortir", enfin, c'est ce que l'on pense lorsque nous suivons leurs péripéties. En effet, malgré tout, entre ces deux amis, il y a une grande fraternité, des souvenirs drôles et heureux. Cependant, leurs échecs et leur amertume mettront à mal ce mince espoir. Puis, il ne faut pas oublier ce personnage féminin, April, la mère de Thad, qui a tant à raconter. Son histoire est tout aussi touchante que celle d'Aiden et de son fils. Et enfin, ce décor magnifique des Appalaches nous accompagne encore dans ce deuxième roman et donne un cadre poétique fascinant. 
Irrémédiablement, David Joy s'inscrit dans la lignée des grands écrivains américains d'aujourd'hui.




8. Vendetta, de R.J. Ellory (Sonatine)

Début du XXIe siècle, dans la ville suffocante de La Nouvelle-Orléans. Un cadavre est retrouvé atrocement mutilé dans une voiture de luxe. Son meurtrier lui a arraché le cœur et a marqué sur son dos la constellation des Gémeaux. Ces indices parlent au médecin légiste : pour lui, il s'agit d'une exécution dans les règles de l'art de la mafia. John Verlaine, inspecteur taciturne et solitaire, est chargé de l'affaire. On apprend rapidement que la victime était le garde du corps de Catherine Ducane, la fille du gouverneur de la Louisiane, qui a été enlevée. L'affaire revient donc au FBI. Des appels mystérieux se succèdent au central. Un homme, Ernesto Perez, se proclamant le meurtrier du garde du corps et le kidnappeur de la jeune fille, se rendra et s'expliquera à une condition : il veut parler en personne à un certain Ray Hartmann. Ce dernier revient donc de force sur sa terre natale. Ernesto Perez se livre à lui et lui raconte sa vie d'homme de main de la mafia, de La Nouvelle-Orléans à Chicago, en passant par Cuba. Mais quel est le but de Perez ? Pourquoi s'adresse-t-il qu'à Hartmann ? Où est Catherine Ducane ? Est-elle encore en vie ?
Vendetta est un excellent roman noir à l'état pur, oppressant, prenant, d'une noirceur poisseuse et sanglante. Encore une fois, armé d'un style d'écriture absolument remarquable, R.J. Ellory mêle à la fois fiction et histoire américaine d'une manière pertinente. A travers le personnage d'Ernesto Perez, un tueur à gages énigmatique, cruel et froid, nous sommes face à la réalité de la mafia, celle qu'elle était et celle qu'elle est aujourd'hui, insaisissable comme un spectre. C'est un roman fascinant sur l'identité, la loyauté, la famille et la vengeance. Encore une très belle réussite de mon écrivain britannique favori.




9. Des nouvelles du monde, de Paulette Jiles (Editions de la Table Ronde)

Après la guerre civile, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux, devant un public à ce point avide des nouvelles du monde qu'il est prêt à payer pour les entendre. Le vieil homme, veuf, qui a connu trois guerres et vivait jadis de son métier d'imprimeur, profite à présent de sa liberté pour sillonner les routes. Lors d'une étape à Wichita Falls, on lui offre une pièce d'or pour ramener une jeune orpheline à la famille qu'il lui reste, près de San Antonio. Quatre ans auparavant, des Indiens Kiowa avaient massacré ses parents et sa soeur, mais épargné la fillette, qu'ils avaient élevée comme une des leurs. A 10 ans, Johanna, les yeux bleus et les cheveux couleur sucre d'érable, vient une fois de plus d'être arrachée à son seul foyer par l'armée américaine. Le capitaine Kidd accepte cette mission, sachant combien le voyage sera long et difficile. Leur périple à travers des territoires vierges, sur des routes impitoyables, s'avère dangereux. Le gouvernement fédéral est aux mains d'une administration corrompue ; anarchie et illégalité ont pris le dessus. Le capitaine doit se méfier des voleurs, des Comanches et des Kiowas autant que de l'armée fédérale, et apprivoiser la sauvage Johanna. L'enfant a oublié l'anglais, elle tente de s'échapper à la moindre occasion, veut à tout prix se débarrasser de ses chaussures et refuse de se conduire de façon "civilisée" . Pourtant, au fil des kilomètres, elle baisse la garde pour se rapprocher de celui qu'elle nomme "Kep-Dun" . A San Antonio, un autre obstacle les attend, et le respectable vieil homme se retrouve face à un choix terrible qui décidera du sort de Johanna - mais aussi du sien. Paulette Jiles situe son roman dans un territoire à la fois beau et inhospitalier, et explore les limites de la famille, de la responsabilité, de l'honneur et de la confiance.
Des nouvelles du monde est un roman aux allures de western fascinant et intelligent. Ces deux personnages totalement opposés, Capitaine Kidd, l'ancien soldat et imprimeur, et la jeune Johanna, enfant sauvage, sont véritablement attachants. Nous voyons leur relation prendre de plus en plus d'ampleur, de force, de complicité. A travers la majesté des grands espaces américains, Paulette Jiles nous offre un roman à la fois sur les origines, la confiance, la différence. Sachez enfin que Des nouvelles du monde a été finaliste du National Book Award en 2016... Une pure pépite !

Ma chronique


10. Eclosion, d'Ezekiel Boone (Actes Sud)

Au cœur de la jungle péruvienne, une étrange et menaçante masse noire s'abat sur un groupe de touristes américains en excursion. Et les dévore vivants. Dans le Nord des Etats-Unis, un agent du FBI enquête sur le mystérieux crash de l'avion d'un milliardaire. Un peu partout dans le monde, des phénomènes anormaux et inexpliqués se produisent. Jusqu'à ce qu'une bombe nucléaire explose en Chine, transformant tout l'Ouest du pays en un vaste champ de ruines atomiques. Que contient ce colis en provenance d'Amérique du Sud, qu'une scientifique renommée, spécialiste des araignées, vient de recevoir ? Est-ce là, à l'intérieur de ce fossile qui semble lutter pour revenir à la vie après un sommeil de plusieurs milliers d'années, que se trouve la clef de l'énigme ? Roman choral et mondial, Eclosion tisse la toile d'une humanité aux prises avec une menace assoiffée de sang venue des profondeurs de l'histoire. Féroce comme ces nuées de bestioles noires qui ravagent la Terre, l'humour n'est jamais bien loin de l'hémoglobine dans ce thriller apocalyptique haletant - premier volet d'une trilogie puissamment addictive.
Ezekias Boone, alias Alexi Zentner - passionné par les araignées -, nous propose un premier tome saisissant, au rythme haletant, à la lecture addictive et aux personnages féminins charismatiques. Un humour grinçant, des bestioles noires cannibales, des personnages forts, un suspense maîtrisé, ce thriller apocalyptique a été une excellente lecture.




Pas de grande nouveauté à venir sur le blog en 2019, mais -  je l'espère - encore des chroniques littéraires, des articles sur les sorties (prochainement sortira celui sur la rentrée littéraire d'hiver 2019), des bilans lecture, etc. Je vais faire en sorte de publier régulièrement une chronique par semaine au minimum ! 

Et vous, quels sont vos coups de cœur 2018 ? 

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année entouré.e.s de tous ceux que vous aimez. 

Belles lectures et prenez soin de vous.



Bérangère




dimanche 28 octobre 2018

Premières lignes #49 : "Le Sillage de l'oubli" de Bruce Machart

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...




J'ai envie aujourd'hui de partager avec vous les premières lignes d'un premier roman américain qui d'emblée m'a prise à la gorge. C'est un titre de la collection Totem des éditions Gallmeister que j'ai acheté d'occasion. Vu l'amertume de ce début prometteur, ce sera, je pense, l'une de mes prochaines lectures. Bonne découverte.




Texas, 1895. Un propriétaire terrien voit la seule femme qu’il a jamais aimée mourir en mettant au monde leur quatrième fils, Karel. Vaincu par la douleur, l’homme entraîne ses enfants dans une vie austère et brutale. Pour lui, seuls comptent désormais ses chevaux de course, montés par Karel, et les paris qu’il lance contre ses voisins pour gagner toujours plus de terres. Mais l’enjeu est tout autre lorsqu’un propriétaire espagnol lui propose un pari insolite qui engage l’avenir des quatre frères. Karel s’élance alors dans une course décisive, avec pour adversaire une jeune fille qui déjà l’obsède.







Moisson hivernale

Février 1895




       Tant de sang, elle avait perdu tant de sang que lorsqu'il se réveilla dans des draps trempés et qu'il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doigts crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu'elle venait de perdre les eaux. Il repoussa l'édredon, un cadeau de mariage que leur avait envoyé sa mère restée au vieux pays, et il embrassa Klara sur le front avant de se lever pour aller allumer la lampe. Il gratta une allumette, et alors il les découvrit qui avaient formé des traînées rouges le long de ses jambes et s'étaient collées aux poils drus de ses cuisses : les traces sombres du sang déjà à moitié séché de sa femme.
       Et le sang continuait de couler. Il sella son cheval et, frissonnant sous le ciel noir et sans nuages, il se hâta d'aller chercher Edna, la sage-femme, à la ferme de Janek. A leur retour, les yeux de Klara étaient ouverts mais si vitreux qu'ils comprirent qu'elle ne devait plus y voir bien clair. Ses lèvres pâles balbutiaient une ultime prière muette pour que l'enfant parvienne à naître ou que sa propre vie ne s'échappe pas encore, on n'aurait su le dire.
       Quand le bébé, leur quatrième garçon, arriva le corps souillé de sang et maculé de caillots, il semblait avoir été arraché à la chair de sa mère plutôt que simplement mis au monde. Klara était perdue, et Edna concentra toute son attention sur ce qui avait pu être sauvé : elle pinça l'orteil de la petite créature pour que la respiration se déclenche et lui nettoya la peau avec un linge trempé dans du lait tiède et de l'eau avant de l'emmailloter dans une couverture.
       Debout au pied du lit, Vaclav Skala broyait entre ses molaires une bouillie de tabac filandreuse et désormais insipide qu'il avait commencé à mâchonner une demi-heure auparavant. Il observait Edna, une jeune femme menue aux hanches étroites et aux longs cheveux aussi noirs que ses yeux. Elle empila des oreillers sous les omoplates et derrière la nuque de la morte avant de poser le bébé sur le ventre de sa mère. Saisissant un sein de Klara entre le pouce et l'index, elle pinça le mamelon pour que le bébé puisse le prendre. La petite chose agita les mains en tous sens autour de son visage et les jambes sous la couverture ; Edna le plaqua résolument contre le sein jusqu'à ce qu'il creuse les joues et que sa bouche le trouve.
       — Le vrai lait est pas encore monté, mais il va peut-être pouvoir téter un peu de lait jaune. Va falloir qu'on lui trouve une nourrice. Il y a plusieurs femmes au nord du comté qui pourraient s'en occuper. 
       Vaclav recula jusqu'au seuil de la porte et jeta un coup d'oeil à travers le couloir obscur, en direction de la chambre où dormaient ses trois autres fils.
       — C'est pas la seule chose qu'il va falloir qu'on trouve, bon Dieu. Qu'il prenne ce qu'il y a encore de sa mère tant qu'il peut. Le reste, il l'a déjà pris.



Le Sillage de l'oubli (The Wake of Forgiveness), Bruce Machart, traduit de l'américain par Marc Amfreville, Gallmeister, collection Totem, n°32, juin 2013, 10,50 €, format Kindle : 9,99 €.


Bon dimanche !


Bérangère

mardi 16 octobre 2018

[Blog] "Les Mots de Junko" change de nom pour "In Books We Trust"

Hello :)

Vous l'avez sûrement remarqué, il y a du nouveau sur le blog. Nouveau décor... et nouveau nom ! Pourquoi tous ces changements ? Je vous dis tout en quelques lignes.



"Les Mots de Junko" est donc devenu "In Books We Trust".
J'avais imaginé, avant de mettre le blog en ligne, un nom qui regroupe en quelques mots toutes mes passions : l'écriture ("Les Mots") et la littérature japonaise, les mangas et l'animation (d'où le prénom japonais féminin "Junko"). Mais voilà, en deux ans, beaucoup de changements ont eu lieu : je n'écris plus ; et mes lectures ont pris des chemins différents. Je me suis tournée vers les romans noirs, les thrillers, les contemporains, la littérature nord-américaine... En conséquence, je devais changer le nom du blog, qui ne me correspondait plus.

Pourquoi "In Books We Trust" ?

Tout simplement, j'ai détourné la devise des Etats-Unis, "In God we trust". Ce nouveau nom reflète l'amour que nous avons pour les livres. Puis, c'est un clin d’œil à l'Amérique que j'affectionne beaucoup.

Les projets du blog

Mis à part ce nouveau "design" et ce nouveau nom, il n'y aura pas d'autres changements majeurs pour l'instant. Je manque de temps en ce moment, mais je ne vous oublie pas ! Je tente de publier de façon régulière mais mon projet professionnel prend plus de temps que prévu... Les articles sur les sorties mensuelles sont maintenus et les avis lecture aussi, bien entendu ! Même si je ne publie plus régulièrement comme avant, je n'ai pas l'intention d'abandonner le blog, bien au contraire :)
Si je surmonte ma timidité, je pourrais envisager de réaliser quelques stories sur Instagram, pourquoi pas. Ce sera bien sûr des avis lecture spontanés ou des présentations de mes réceptions. En tous cas, j'y réfléchis !

Mes nouveaux profils sur les RS

Je vous transmets les liens de mes nouveaux profils / pages sur les réseaux sociaux ! N'hésitez surtout pas à me suivre ou à m'envoyer des demandes d'amis !

Twitter : @inbooksweblog
Livraddict : In Books We Trust


Je vous souhaite de très belles lectures !

A bientôt ^^


Bérangère

dimanche 7 octobre 2018

Premières lignes #48 : "La nature des choses" de Charlotte Wood

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...




Aujourd'hui, je vous propose de lire les premières lignes de La Nature des choses de Charlotte Wood, qui avait fait parler de lui l'année dernière lors de la rentrée littéraire. Dans la lignée des romans de Margaret Atwood et de Naomi Alderman, il vient de paraître en poche, et j'ai hâte de découvrir enfin cette histoire. Bonne lecture !


Droguées et kidnappées, dix jeunes femmes se réveillent prisonnières dans une ancienne ferme isolée en plein désert australien. Le crâne rasé, vêtues d'habits étranges, enchaînées, elles sont surveillées par trois geôliers, vicieux et imprévisibles, embauchés par une mystérieuse agence. Un jour, la nourriture vient à manquer. Pour elles comme pour eux. Et les proies se changent en prédatrices.



PREMIERE PARTIE

Eté





       Il y avait donc des kookaburras, ici. Ce fut la première chose que se dit Yolanda dans le matin sombre. (Et aussi, Où sont mes clopes ?) Deux kookaburras lançant une suite décousue de caquètements perçants, un chant d'oiseau avant le lever du soleil, retentissant, démentiel.
       Elle sortit du lit et sentit des planches rugueuses sous ses pieds. Sur sa peau, l'étoffe rêche d'une chemise de nuit inconnue. Qui la lui avait mise ?
       Elle s'avança sur le plancher en bois sec et tendit le cou pour regarder par une petite fenêtre étroite placée en hauteur. Les deux réverbères qu'elle avait vus en rêve étaient en fait d'énormes étoiles dans un ciel d'un bleu profond. Les kookaburras illuminaient l'obscurité de leur horrible cri.
       Par la suite, il y aurait d'autres oiseaux, et elle demanderait parfois de quelle espèce il s'agissait, mais les questions éveillaient les soupçons et elle n'obtiendrait pas de réponse. Elle se mettrait à leur inventer des noms. Les oiseaux de cascade au chant ruisselant. Les piailleurs, les petits gris qui filaient à toute allure. Qui aurait cru qu'il puisse y avoir autant d'oiseaux dans ce trou perdu ?
       Mais cela viendrait après.
       En ce premier matin, avant que tout ne commence, elle regarda le ciel bleu nuit s'éclaircir, écouta les kookaburras et se dit, Ah oui, c'est vrai. Elle avait été expédiée à l'asile. 
       Elle longea les murs à tâtons jusqu'à ce qu'elle trouve une porte. Mais il n'y avait pas de poignée. Elle tâta les bords avec les ongles : verrouillée. Elle se remit au lit et remonta le drap et la couverture sous son menton. Peut-être avaient-ils raison. Peut-être qu'elle était folle et que tout irait bien.
       Quand ils étaient petits, Darren et elle avaient un jour ramassé des tas de mousse sous le robinet qui se trouvait à l'arrière de l'immeuble, dans le coin humide du jardin où il faisait toujours frais, même les jours de canicule. Ils avaient détaché les plaques de mousse, la terre lourde entre les doigts, prenant plaisir à soulever un coin en faisant attention à ne pas fissurer le bloc, réussissant de mieux en mieux à ne pas casser la mousse ni l'effriter. Ils avaient rempli un vieux seau craquelé en plastique orange et s'étaient mis au bord de la rue pour la vendre. "Mousse à vendre !" criaient-ils aux voitures surchauffées qui passaient, pouffant de rire, gesticulant et faisant les pitres, lançant plus poliment aux piétons : "V'voulez acheter d'la mousse ?" Personne ne leur en avait acheté, alors qu'ils l'avaient joliment étalée sur le bord et que Darren avait envoyé deux fois Yolanda chercher de l'eau pour l'arroser afin qu'elle reste moelleuse au toucher. Puis ils avaient eu trop chaud et Darren l'avait laissée au bord de la rue pour leur rapporter deux gobelets d'eau, mais personne n'avait acheté de mousse. Alors ils étaient remontés regarder la télévision et la mousse avait fané, elle était devenue grise et poussiéreuse, et avait séché.
       C'était à ça que la chemise de nuit lui faisait penser, à la mousse séchée, et elle aimait Darren, même si elle savait que c'était lui qui les avait laissés l'emmener dans cet endroit inconnu. Peut-être l'avait-il mise dans le seau orange craquelé et l'avait-il amenée lui-même.



La Nature des choses (The Natural Way of Things), Charlotte Wood, traduit de l'anglais (Australie) par Sabine Porte, Le Livre de Poche, août 2018, 310 pages, 7,40 €.


Je vous souhaite un bon dimanche plein de belles lectures.

A bientôt ^^

Bérangère


jeudi 4 octobre 2018

[Sorties Poches] Octobre 2018 : ma sélection

Après ma sélection des sorties grands formats du mois d'octobre (ici), voici celle des sorties poches ! Au programme, un peu de science-fiction, beaucoup de polars et un soupçon de... coffrets pour Noël ! Oui, vous avez bien lu, ils commencent déjà à prendre possession de nos librairies ! Bonne lecture.




le 03 octobre



Le Problème à trois corps, Liu Cixin (Babel)

En pleine Révolution culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherche de potentielles civilisations extraterrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de "rééducation", parvient à envoyer dans l'espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine. Le signal est intercepté par les Trisolariens, qui s'apprêtent à abandonner leur planète mère, située à quatre années-lumière de la Terre et menacée d'un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. En raison de la distance, Ye Wenjie met près de huit ans à recevoir la réponse des Trisolariens. Elle tient désormais entre ses mains rien de moins que le destin de l'espèce humaine. Hugo 2015 du meilleur roman, Le Problème à trois corps est le premier volume d'une trilogie culte d'une ambition folle.

Traduit du chinois par Gwennaël Gaffric


La Tristesse des éléphants, Jodi Picoult (Babel)

Jenna avait trois ans quand a inexplicablement disparu sa mère Alice, scientifique et grande voyageuse, spécialiste des éléphants et de leurs rituels de deuil. Dix années ont passé, la jeune fille refuse de croire qu'elle ait pu être tout simplement abandonnée. Alors elle rouvre le dossier, déchiffre le journal de bord que tenait sa mère, et recrute deux acolytes pour l'aider dans sa quête : Serenity, voyante extralucide qui se prétend en contact avec l'au-delà ; et Virgil, l'inspecteur passablement alcoolique qui avait suivi - et enterré - l'affaire à l'époque. Dosant subtilement suspense, romance et surnaturel pour évoquer l'amour filial, l'amitié et la perte, La Tristesse des éléphants émeut et surprend jusqu'à son finale, aussi haletant qu'inattendu.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Girard


Terremer, intégrale, Ursula Le Guin (Le Livre de Poche)

Illustré par Charles Vess
Terremer est un lieu magique et ensorcelé. Une mer immense recouverte d’un chapelet d’îles où les sorciers pratiquent la magie selon des règles très strictes. On y suit les aventures de Ged, un éleveur de chèvres qui, au terme d’une longue initiation, deviendra l’Archimage le plus puissant de Terremer, mais aussi celles de Tenar, haute prêtresse du temple des Innommables de l’île d'Atuan, de Tehanu, la fille-dragon, et de Aulne le sorcier qui refait chaque nuit le même rêve terrifiant. Autour de la grande histoire gravitent des contes qui enrichissent et explorent ce monde où enchanteurs et dragons se côtoient.
Cette édition intégrale et illustrée de Terremer réunit les romans qui ont fait le succès de ce cycle mythique et emblématique de l’œuvre d’Ursula K. Le Guin, ainsi que deux nouvelles inédites en France et une introduction de l’auteur écrite spécialement pour cette édition.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Delord-Philippe, Pierre-Paul Durastanti, Patrick Dusoulier, Sébastien Guillot, Philippe R. Hupp, Françoise Maillet.


La Trilogie du Rempart Sud, tome 2 : Autorité, Jeff Vandermeer (Le Livre de Poche)

Depuis trente ans, ceinturée par une frontière invisible et coupée de toute civilisation, la Zone X effraie autant qu’elle fascine. Douze expéditions, toutes tragiquement inutiles, ont été supervisées par un organisme gouvernemental tellement secret qu'il en est quasi oublié : le Rempart Sud.
Fraîchement nommé à sa tête, John Rodriguez hérite d'une équipe méfiante et désespérée, d'une masse de questions, de notes secrètes et d'heures d'enregistrement particulièrement anxiogènes.
Dans Autorité, les questions d'Annihilation trouvent des réponses. Loin d'être rassurantes...
Jeff Vandermeer a reçu les prix Nebula et Shirley-Jackson pour Annihilation, qui a été traduit dans 24 langues et adapté en film pour Netflix. 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gilles Goullet



le 04 octobre



Birthday girl, Haruki Murakami (10/18)

Japon, de nos jours. 
Quoi qu'on puisse souhaiter, aussi loin que l'on puisse aller, on reste ce qu'on est, voilà tout.

La serveuse n'aurait même pas dû travailler ce soir-là. C'était son anniversaire, elle avait vingt ans, il pleuvait à verse, le directeur du restaurant était malade. Alors c'est elle, cette serveuse qui entrait dans ses vingt ans, qui était allée porter son repas au propriétaire du restaurant. Un vieil homme solitaire que personne n'a jamais vu. Un vieil homme qui, le jour de ses vingt ans, lui avait proposé de faire un vœu... 

Traduit du japonais par Hélène Morita


I am not your negro, James Baldwin et Raoul Peck (10/18)

Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire – salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018 – aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident. 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan



La Température de l'eau, George Axelrod (10/18)

Westport, Connecticut, fin des années soixante. Harvey Bernstein, 46 ans, ne compte plus les bonnes raisons de se suicider. Ses livres, qui ne se vendent pas, son travail de critique, alimentaire et absurde, sa femme Margery, présidente du comité pour une législation raisonnable du port d'armes, ses deux enfants, au mieux indifférents. Il ne lui reste qu'une question à régler : somnifères ou révolver ? Avant qu'il ne trouve la réponse, une jeune femme pour le moins originale, Cathy, va faire une entrée inopinée dans son existence. 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Elodie Leplat



Le Bois des ombres, Barbara Dribbusch (Pocket)

À la mort de sa grand-mère, Anne Südhausen trouve, cachés sous le lit, une dizaine de cahiers d'écolier à la couverture noire. Un journal intime que son aïeule a rédigé en 1943, lors de son séjour au Bois des Ombres. En lisant ces carnets, Anne découvre un pan de sa vie dont elle ignorait tout. Quel était cette mystérieuse clinique autrichienne dans laquelle sa grand-mère a vécu pendant la Seconde Guerre mondiale ? Quelles expériences psychiatriques, menées par les nazis, abritait-elle ? Alors qu'elle n'a qu'une hâte, avancer chaque jour un peu plus dans la lecture de ce journal, Anne se rend compte que deux des carnets ont disparu et qu'elle-même pourrait bien être en danger...

Traduit de l'allemand par Jean Bertrand


Sexe, mort et pêche à la mouche, John Gierach (Gallmeister, collection Totem)

Au bord des plus belles rivières américaines, John Gierach nous invite à un voyage au coeur de la nature sauvage, à la découverte des précieux secrets qui font d'une échappée en solitaire ou entre amis l'essence même de la vie. En dix-huit récits débordant de tendresse et d'ironie, sont évoqués tour à tour les truites, les éphémères, des copains de pêche, d'anciens amours, la spectaculaire Green River et les criques secrètes de l'Ouest. Il s'interroge avec humour et poésie sur les plus grands mystères de l'existence : le sexe, la mort et la pêche à la mouche.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos


Tout est brisé, William Boyle (Gallmeister, collection Totem)

Tout semble brisé dans la vie d'Erica. Seule dans sa maison de Brooklyn, elle prend soin de son père tyrannique et malade, sans autre soutien qu'une amie fidèle. Elle espère des nouvelles de son fils Jimmy, jeune homme fragile parti errer à travers le pays sans avoir terminé ses études. Mais voilà que Jimmy revient à l'improviste, en piteux état. Dans leur quartier peuplé de souvenirs, il s'efforce de soigner son mal de vivre dans l'alcool et les rencontres nocturnes. Erica, elle, ne veut pas baisser les bras et fera tout pour renouer avec son fils.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Baril



Landfall, Ellen Urbani (Gallmeister, collection Totem)

En septembre 2005, l'ouragan Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans, semant le chaos, emportant des milliers de vies. Émue par le sort des survivants, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s'apprête à rejoindre la ville meurtrie avec sa mère pour leur porter secours. Mais leur voiture percute une jeune fille. La victime n'a rien sur elle qui confirme son identité – seulement une page d'annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose. Obsédée par cette étrange coïncidence, Rose entreprend de retracer pas à pas le parcours de l'inconnue à travers une ville en ruine, sans se douter que sa propre histoire est parsemée de secrets.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Juliane Nivelt



le 10 octobre




Après la chute, Dennis Lehane (Rivages poche)

Journaliste en pleine ascension, Rachel Childs s'effondre en direct devant des millions de téléspectateurs alors qu'elle couvre le séisme en Haïti. C'est le début de la chute. En peu de temps, elle perd tout : son emploi, son conjoint, sa vie idéale. En fait, peut-être pas si idéale que cela. Rachel avait une mère manipulatrice, quant à son père, elle ne l'a jamais connu. C'est en cherchant à en savoir plus sur ses origines qu'elle croise la route de Brian Delacroix. Un homme qui va tout faire basculer...

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet



le 11 octobre




La Symphonie du hasard, tome 1, Douglas Kennedy (Pocket)

"Toutes les familles sont des sociétés secrètes." 

En lisant ces mots, Alice reste frappée par leur justesse. Les secrets, les non-dits, elle connaît. Chez les Burns, on en a fait une spécialité. La dernière en date ? Cette révélation que son trader de frère, Adam, vient de lui faire depuis le parloir de sa prison... Et qui la ramène une quinzaine d'années en arrière. C'était l'Amérique des années 70, celle des droits civiques et des campus en ébullition. Un vent de liberté attisait les désirs et Alice rêvait d'évasion. C'était l'heure des choix. Les premières notes d'une symphonie à venir... 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Chloé Royer


L'Essence du mal, Luca d'Andrea (Folio policier)

En 1985, dans les montagnes hostiles du Tyrol du Sud, trois jeunes gens sont retrouvés morts dans la forêt de Bletterbach. Ils ont été littéralement broyés pendant une tempête, leurs corps tellement mutilés que la police n'a pu déterminer à l'époque si le massacre était l'oeuvre d'un humain ou d'un animal. Cette forêt est depuis la nuit des temps le théâtre de terribles histoires, transmises de génération en génération. Trente ans plus tard, Jeremiah Salinger, réalisateur américain de documentaires marié à une femme de la région, entend parler de ce drame et décide de partir à la recherche de la vérité. A Siebenhoch, petite ville des Dolomites où le couple s'est installé, les habitants font tout - parfois de manière menaçante - pour qu'il renonce à son enquête. Comme si, à Bletterbach, une force meurtrière qu'on pensait disparue s'était réveillée.

Traduit de l'italien par Anaïs Bouteille-Bokobza


Mindhunter : dans la tête d'un profileur, John Edward Douglas et Mark Olshaker (Points)

Au cours des vingt-cinq ans passés au FBI, l'agent spécial John Douglas est devenu une légende vivante. Premier profileur de serial killers, il a suivi et résolu des dizaines de cas, dont le dernier qui lui a presque coûté la vie. Entré dans l'intimité et l'esprit de tueurs tels que Charles Manson, Ted Bundy ou encore Ed Gein, il a permis leur arrestation. Pour comprendre leur folie, il est devenu prédateur. Pour établir leur profil, il est devenu proie.
John Edward Douglas a rejoint le FBI en 1970 et y a créé la première cellule de profilage.

Mark Olshaker est un auteur américain de best-sellers.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Agathe Fournay de Launay




le 17 octobre




Redemption Road, John Hart (Le Livre de Poche)

Un garçon, une arme à la main, attend l’homme qui a tué sa mère.
Une inspectrice de police perturbée affronte son passé à la suite d’une fusillade meurtrière.
Après treize ans de prison, celui qui fut un bon flic se retrouve libre tandis que, dans la forêt profonde, sur l’autel d’une église abandonnée, un corps refroidit enveloppé dans un drap blanc...
C’est une ville au bord du gouffre. C’est le chemin de la rédemption.

Débordant de tension, de secrets et de trahisons, Redemption Road prouve encore une fois que John Hart est un maître de la littérature policière.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurence Kiéfé


Le cas de Noah Zimmerman, Sharon Guskin (Le Livre de Poche)

Janie, célibataire depuis des années, décide de garder le bébé conçu avec un parfait inconnu sur une plage en vacances. Quatre ans plus tard, élever seule le petit Noah s’avère être une épreuve : cauchemars à répétition et références troublantes à des scènes de violence perturbent terriblement l’enfant. Quand Janie le couche le soir, il réclame sa vraie maman et demande à rentrer chez lui... Les médecins échouent à diagnostiquer ce mal. Janie découvre un jour l'existence du Dr Anderson, psychiatre spécialisé dans la réincarnation. Elle ignore cependant que ce dernier est atteint d'une maladie rare et qu'il est sur la sellette. Pour Anderson, le cas Noah Zimmerman est l'occasion de briller enfin aux yeux de tous. Noah est-il habité par un esprit ?

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pascal Loubet



le 18 octobre




L'Oiseau des neiges, Tracy Rees (Pocket)

Janvier 1831. Aurelia Vennaway, 8 ans, héritière d'une riche famille aristocratique du comté de Surrey, découvre lors d'une promenade dans les bois du domaine familial un nouveau-né bleu de froid, posé à même la neige. Malgré l'hostilité de ses parents, elle réussit à leur faire recueillir l'enfant, qu'elle baptise Amy Snow. Une très grande amitié naîtra entre elles deux. 

À ses 18 ans, on découvre à Aurelia une maladie qui lui laisse peu de temps à vivre. Avant de mourir, elle laisse pour Amy une série de lettres, qui vont la conduire aux quatre coins de l'Angleterre. Avec, à chaque étape, une énigme à résoudre qui lui dévoilera petit à petit son histoire et changera peut-être le cours de sa vie...

Traduit de l'anglais (Ecosse) par Françoise du Sorbier





le 31 octobre




Central Park, Stephen Peters (Le Livre de Poche)

«Écoutez-moi attentivement. Vous allez transmettre un message à la ville. Dans cinq minutes, il sera 21 heures. À partir de cette heure, Central Park est à moi. Toute personne qui se trouvera à l’intérieur du parc après 21 heures sera en danger de mort.»
Tandis qu’une belle journée d’été s’achève à Central Park, des sirènes retentissent soudain : le commissariat du quartier vient de sauter. C’est le premier avertissement d’un dangereux maniaque : Harris. Spécialiste de la guerre de jungle, vétéran éprouvé du Vietnam, cet homme a une revanche à prendre. Est-il possible de « tenir » Central Park tout seul ? de narguer les meilleurs spécialistes de la police de New York ?

Thriller politique, drame familial et récit d’espionnage, Central Park propose un mélange des genres extraordinaires. Il a inspiré le film The Park Is Mine (1986) avec Tommy Lee Jones.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Serge Grünberg


Vernon Subutex, intégrale, Virginie Despentes (Le Livre de Poche)


Un coffret réunissant les trois tomes de la série phénomène. 












Autre-Monde, intégrale, Maxime Chattam (Le Livre de Poche)

Une intégrale en deux volumes réunis dans un beau coffret collector.














Les titres qui me tentent le plus :
  • Le Problème à trois corps de Liu Cixin (Babel)
  • La Tristesse des éléphants de Jodi Picoult (Babel)
  • Tout est brisé de William Boyle (Totem)
  • Landfall de Ellen Urbani (Totem)
  • L'Essence du mal de Luca d'Andrea



J'espère que cette sélection vous aura donné de nouvelles envies de lectures ! N'hésitez pas à me dire en commentaires quels sont les titres qui vous tentent le plus !
Je vous souhaite de belles lectures.

A bientôt ^^