jeudi 30 janvier 2020

"Le Sorceleur, tome 1 : Le Dernier Voeu" d'Andrzej Sapkowski

Geralt, survivant de l'enfer !
Geralt, souvent croise le fer !

« Pour devenir sorceleur, il faut naître dans l'ombre du destin, et peu d'individus naissent dans l'ombre du destin. Voilà pourquoi nous sommes si peu nombreux. »



Présentation de l'éditeur

Geralt de Riv est un homme inquiétant, un mutant devenu le parfait assassin grâce à la magie et à un long entraînement. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur, et Geralt est plus qu'un guerrier ou un mage. C'est un sorceleur.
Au cours de ses aventures, il rencontrera une magicienne capricieuse aux charmes vénéneux, un troubadour paillard au grand coeur... et, au terme de sa quête, peut-être réalisera-t-il son dernier voeu : retrouver son humanité perdue.


Mon Avis

Si vous connaissez déjà le guerrier mutant aux pouvoirs surnaturels doté d'une longue chevelure blanche et orné d'une profonde cicatrice au visage, vous êtes alors soit féru(e) de jeux vidéos, de littérature fantasy... ou vous avez Netflix. Bonne pioche ?
Avant tout, Le Sorceleur est une saga qui rassemble plusieurs nouvelles dont la publication a débuté en 1986. Surnommé le "Tolkien polonais", Andrzej Sapkowski s'inspire de la mythologie slave et de l'histoire de son pays. En 2007 sort le premier opus de la saga en jeu vidéo, quelques années après une adaptation télévisée polonaise en 2001. Puis, depuis décembre 2019, la fameuse première saison est disponible sur Netflix. Je ne vais pas comparer ici la série et le livre car je n'ai pas Netflix (merci de ne pas me jeter de pierre ^^). Cependant, j'ai tellement entendu parler de cette saga que je me suis fait un devoir de lire ce premier tome (rien que ça !).

Première chose à savoir, ce volume est composée de nouvelles. En réalité, l'auteur les a publiées régulièrement dans un magazine polonais à partir de 1986, et ce tome regroupe sept de ces nouvelles. Celles-ci sont entrecoupées d'une nouvelle, La Voix de la raison, qui sert d'interlude. Même si toutes sont centrées sur le héros, elles ne suivent pas véritablement un ordre linéaire. Elles ne se font pas vraiment écho. Cependant, ce n'est pas gênant pour la lecture, car les nouvelles ont le mérite d'être assez courtes, et elles savent capter notre attention jusqu'à la dernière page.

Pas de doute, cette saga entre bel et bien dans le registre de la fantasy classique : un héros guerrier aux origines mystérieuses, de la magie, des créatures malfaisantes, des malédictions, des allusions aux contes et légendes populaires, un monde médiéval... tout y est. 

"- La princesse a l'allure d'une strige ! hurla-t-il. De la strige la plus strige dont j'ai jamais entendu parler ! Sa Grandeur la fille du roi, ce maudit superbâtard, a quatre coudées de haut ; elle fait penser à une barrique de bière ; elle a une gueule qui va d'une oreille à l'autre, pleine de dents aiguisées comme des poignards, des yeux rouges et des boucles rousses, de grosses paluches griffues de chat sauvage qui descendent jusqu'à terre ! Je m'étonne que nous n'ayons pas encore commencé à adresser son portait aux cours amies ! La princesse, que la peste l'étouffe, a déjà quatorze ans, il est temps de songer à la marier à quelque prince héritier !" (page 25).

Goules, vampires, striges, loups-garous, faunes, djinns, humains maudits... la mythologie créée par Sapkowski est riche et fascinante. On croise également beaucoup de références aux contes, par exemple Blanche-Neige et les sept nains ou La Belle et la Bête.

Toutefois, la pièce maîtresse de cette saga, c'est bien Geralt de Riv, le personnage principal. Sorceleur de son état, il est chargé de tuer les monstres qui infestent ce monde. Il a d'ailleurs deux épées : une en argent pour combattre les créatures maléfiques, et une ordinaire pour les humains. Mercenaire doté de capacités surnaturelles, on apprend dans ce premier opus qu'il a subi dans l'enfance des mutations génétiques. Peu loquace, mais doté d'un franc-parler désarçonnant, c'est un personnage mystérieux et attirant. Il attise la curiosité par son passé trouble, ses doutes sur la foi et sur la nature humaine.

"Les gens, dit Geralt en détournant le tête, aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ca leur donne l'impression d'être moins monstrueux eux-mêmes." (page 233).

Quant au style, celui-ci reste neutre, sans fioriture ni poésie. Pas de longues descriptions, pas de détails inutiles. Ce sont des récits d'aventures ponctués régulièrement de moments d'action, et ce manque de "fantaisie" n'est vraiment pas important puisque ce premier tome reste divertissant et addictif. 

Enfin, même si le titre de l'article laisse paraître une intrigue "à la Ken le Survivant", sachez qu'en réalité il n'en est rien ! Oui, il y a du sang et de la violence, mais je tiens à souligner que l'image des femmes dans cette saga est plutôt positive. Ici, les femmes sont prêtresses au caractère bien trempé, princesses guerrières, sorcières aux pouvoirs destructeurs, ou reines charismatiques. On est loin des femmes faibles ou quasi-absentes de la littérature fantasy classique.

En bref, Le Dernier Voeu est une très bonne surprise. Les férus de littérature fantasy seront enchantés, car on retrouve toutes les références du genre. Le plus de cette saga reste le héros, Geralt de Riv, un personnage mystérieux dont on a furieusement envie de découvrir la suite de ses aventures. 


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Le Sorceleur, tome 1 : Le Dernier Voeu (Ostatnie życzenie), Andrzej Sapkowski, Bragelonne, traduit du polonais par Laurence Dyèvre, avril 2011, 384 pages, 7,10 €, format Kindle : 5,99 €.


Bonus : 




Bonnes lectures !

Bérangère