lundi 29 août 2016

Voici venir les rêveurs

"— Que le miracle dure toujours, eh ? dit-il.
— Que le miracle dure toujours, approuva-t-elle. Qu'il dure tant que le soleil se lève et qu'il se couche."


Auteur : Imbolo Mbue
Titre VO : Behold the Dreamers
Traduction : Sarah Tardy
Editeur : Belfond
Genre : Contemporain
Date de parution : 18 août 2016
Nombre de pages : 300
Prix : 22 €
Prix Kindle : 14,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Aux Etats-Unis et au Cameroun, en 2007.
Nous sommes à l'automne 2007 à New-York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxi, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va pouvoir enfin offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n'est simple au pays de l'American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque, se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nouveaux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...

Mon Avis

Le titre lui-même fait rêver, non ? Voici venir les rêveurs. Je remercie les éditions Belfond et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce nouveau titre avant sa sortie.

Jende Jonga, sa femme et son fils ont quitté leur village camerounais pour venir s'installer à New York. Jende travaille sans relâche, jour et nuit, pour sa famille. Après avoir fait des années de plonge et d'autres en tant que chauffeur de taxi, le voilà embauché grâce à son cousin Winston devenu avocat d'affaires, comme chauffeur pour un des banquiers de la Lehman Brothers, Clark Edwards. Un travail mieux rémunéré, même si Jende ne compte pas ses heures. Neni, la femme de Jende, suit des études de pharmacie avec brio. Leur fils Liomi est un excellent élève et s'adapte bien à sa nouvelle vie. Jende et Neni ont hâte d'obtenir leur green card, leur sésame pour devenir citoyens américains. Tout se passe bien. Mais les choses se gâtent lorsque la demande d'asile de Jende est refusée. Ils peuvent donc être expulsés d'un jour à l'autre, ce qui les plonge dans un stress permanent. D'autre part, les problèmes conjuguaux des Edwards empiètent sur le travail de Jende. Mais un événement grave va tout faire basculer. La crise financière de 2008, la chute de la Lehman Brothers mettent en péril l'American Dream des Jende... et des Edwards par la même occasion. Les masques tombent. Les personnages révèlent leurs côtés les plus sombres, surtout lorsqu'il s'agit d'ambition, d'argent, de réputation.
Jende et Neni verront-ils leur rêve américain se réaliser ?

Il y a clairement deux parties distinctes de ce roman. La première est un peu plate, remplie d'images conventionnelles. L'immigré camerounais, travailleur pauvre, se met au service de la famille Blanche américaine, celle qui a réussi, celle qui est riche, celle qui est unie. Du moins en apparence.
Par ailleurs, dans cette première partie, j'ai bien apprécié la complicité entre Jende et Clark. Jende est très respectueux vis-à-vis de ce dernier et de sa famille. Il leur souhaite véritablement le meilleur, il est prêt à tout pour les satisfaire. Jende a des valeurs, des valeurs d'honnêteté, de discrétion et de loyauté. C'est ce que j'aime chez ce personnage.
La rencontre entre les familles de Jende et de Clark est surtout la rencontre de deux cultures, chacun possédant des idées reçues vis-à-vis de l'autre. Certains dialogues d'ailleurs m'ont bien fait rire.

Au-delà de la situation des Jonga qui démarre plutôt bien aux Etats-Unis, au-delà du rêve, de l'ambition, la dure réalité les rattrape : la demande d'asile de Jende est rejetée.  Dans la seconde partie du roman, le rêve peut se briser d'un jour à l'autre. La peur et le stress transforment les personnages et ceux-ci dévoilent de nouveaux visages : Jende devient un mari agressif, toujours sur les nerfs, parfois même violent ; Neni devient manipulatrice, surtout lorsqu'il s'agit d'argent, et elle est prête à sacrifier sa famille pour rester en Amérique.

Du côté des Edwards, là aussi le rêve américain s'effondre. La Lehman Brothers fait faillite. Clark, déjà obsédé par son travail, s'engouffre encore plus dans son travail et délaisse complètement sa femme et son jeune fils. La chute de la banque a terni à la réputation de la famille. Des rumeurs courent. Vince, le fils aîné de Clark, est parti en Inde trouver "la Vérité". Se sentant abandonnée de tous, Cindy, l'épouse de Clark, se réfugie dans l'alcool et les médicaments.

En conclusion, Voici venir les rêveurs est un roman résolument actuel sur l'immigration, sur l'espoir d'une vie meilleure, sur l'ambition, sur le rêve, sur l'effort puis sur la désillusion. Jende pensait acheter une maison et une belle voiture, et surtout offrir une meilleure vie à sa femme et à son fils. Neni pensait que la vie américaine était semblable à celle du Prince de Bel-Air. Les Edwards se croyaient invulnérables. Des deux côtés, la réalité les rattrape tous. Elle leur fait comprendre une seule et unique chose : l'importance de la famille. La notion même du "chez soi". Il paraît que ce roman va être adapté au cinéma. J'ai hâte de le voir.


Ma note : 17/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^












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