dimanche 15 juillet 2018

Premières lignes #43 : "Nuit blanche" de Nicolas Druart

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...


Aujourd'hui, j'ai choisi un livre d'un auteur français en ce jour de finale de coupe du monde... Ce soir, ce sera un moment intense que l'on passera en famille, j'ai hâte ! Je lis avec vous les premières lignes de Nuit blanche, polar d'un passionné - notamment de foot ! -, Nicolas Druart.  Il est par ailleurs le gagnant du Prix du Suspense 2018 (présidé par le grand Franck Thilliez) ! 
Bonne lecture !




Saint-Florentin-sur-Lot : trois mille deux cents habitants répartis dans un isthme, encerclés par le Lot ; un hôpital reclus dans les bois, à l'extrémité nord de la presqu'île. Et une tempête déferlante. Julie est interne dans le service de médecine et n'aspire qu'à une seule chose : une nuit de garde calme. Mais l'arrivée d'un nouveau patient vient bouleverser ses projets. Un homme plongé dans le coma, escorté par deux gendarmes, va perturber la quiétude du centre hospitalier. Aussitôt après son admission, les tragédies s'enchaînent...


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   Vendredi 14 avril 2017, 20 h 05.

         — Cher confrère, merci de m'avoir adressé votre patiente, Mme Andrieu, cinquante-sept ans, aide-ménagère à Luzech, pour le bilan mensuel de sa cardiomyopathie. L'échographie réalisée le jeudi 13 avril 2017 ne met pas en évidence de dilatation des ventricules ni de... Ah ! Super !
         Julie pousse un soupir de résignation et expédie le dictaphone contre la pile branlante de dossiers médicaux. Le voyant rouge de l’appareil enregistreur clignote : plus de pile. Julie grogne, peste à voix haute en commençant à fouiller dans les tiroirs de son bureau. Avec peu de chance, une pile neuve se cache quelque part dans un recoin poussiéreux de cette salle des internes lugubre – de la taille d’un placard à balais – où elle essaye désespérément de mettre à jour ses courriers médicaux.
        Elle dérange une tribu de trombones, un troupeau d’agrafes et un rouleau de scotch vide, mais rien ne ressemble de près ou de loin à ce qu’elle convoite. La pièce est empreinte d’austérité, aucune fenêtre, aucune vue sur l’extérieur, une odeur de renfermé imprègne l’air chaud et humide.
            Julie se lève. Avec un agacement croissant, elle passe en revue les étagères remplies de dossiers krafts, de clichés d’imagerie médicale, de bons examens et de labo, de blocs d’ordonnances vierges et de feuilles d’observations volantes. Elle s’énerve, impatiente.
            La recherche est infructueuse. Découragée, elle regagne son siège et se laisse aller contre son fauteuil. Elle observe d’un air abattu le monticule de dossiers posés en équilibre, à côté de l’ordinateur, et souffle en pensant à la charge de travail astronomique qui l’attend.
            La nuit de garde s’annonce longue.
            Pourtant, la soirée avait bien commencé. Elle a bouclé sa contre-visite rapidement, a terminé d’ajuster ses prescriptions avant la mutinerie infirmière de vingt heures, mais le plus fastidieux reste à faire : dicter les courriers des derniers patients sortants. De la paperasse. De l’administratif. Un boulot rébarbatif. Tout ce que Julie déteste.
            Elle abandonne l’investigation « pile » et opte pour le plan B.
            Elle pêche son smartphone dans la poche de sa longue blouse blanche et fait défiler les pages d’applications en quête du dictaphone numérique. Mais ce plan alternatif comporte des risques, et inévitablement, Julie échoue sur une discussion de groupe Facebook.
            La soirée prévue demain, à Toulouse, par ses anciens collègues d’internat, lui redonne du baume au cœur. Sa seule échappatoire de la semaine. L’occasion de sortir de son quotidien déprimant : quitter l’enfer lotois ! Sur la conversation virtuelle, ses amies débattent du lieu de la soirée. Où ? Comment ? A quelle heure ? Qui vient ? Qui ne vient pas ? Combien il faut donner ? Tout ça, Julie s’en fout. Du moment qu’il y a des mojitos et Olivier, l’interne mignon qu’elle a rencontré lors de son dernier semestre, à Purpan, elle sait que tout ira bien. Elle laisse à ses copines fêtardes invétérées le soin de régler les modalités. Elles en ont l’habitude. Et absolument rien ne peut empêcher une horde d’internes de faire la fête quand elles l’ont décidé. Julie n’a pas d’inquiétude, la soirée promet d’être mémorable.
            Elle ferme le réseau social addictif et laisse ses pensées divaguer, voyager, naviguer vers des contrées roses. Toulouse lui manque. Malheureusement, elle ne choisit pas ses lieux de stage. Quand on est en troisième année d’internat, on va où l’on vous dit d’aller. Point. Quel être humain sain d’esprit aurait choisi Saint-Florentin-sur-Lot ? Le bled le plus paumé du département le plus paumé. Pas vraiment une destination paradisiaque…



Nuit blanche, Nicolas Druart, Nouveaux Auteurs, avril 2018, 435 pages, 18,95 €, format Kindle : 13,99 €.


Je vous souhaite un très bon dimanche et une belle finale !

A bientôt ^^




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