vendredi 4 novembre 2016

Aux petits mots les grands remèdes

"J'étais heureux parce qu'il me restait tant à lire, tant à apprendre sur les autres et sur moi, tant à côtoyer l'intelligence des auteurs et de leurs textes. Une œuvre en appelait une autre. (...) Les livres ne coupaient pas du monde de manière définitive, ils nous apprenaient à mieux l'appréhender."


Auteur : Michaël Uras
Edition : Préludes
Genre : Contemporain
Date de parution : 1er septembre 2016
Nombre de pages : 384
Prix : 15,10 €
Prix Kindle : 10,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Alex, notre héros passionné par les livres, a choisi d’exercer le métier peu commun de bibliothérapeute. Sa mission : soigner les maux de ses patients en leur prescrivant des lectures. Yann, l’adolescent fragile qui s’est fermé au monde ; le cynique Robert, étouffé par son travail et qui ne sait plus comment parler à sa femme ; Anthony, la star de football refusant de s’avouer certaines de ses passions... Tous consultent Alex. 
Mais qui donnera des conseils au bibliothérapeute lui-même ?
La clé du bonheur se trouve-t-elle vraiment entre les lignes de ses livres chéris ?

Mon Avis

Après Les Vies de papier avec sa jolie couverture de livres empilés dans un beau bazar, je me suis plongée dans un nouveau roman qui parle de livres, Aux petits mots les grands remèdes, sorti lors de la rentrée littéraire. Je remercie NetGalley et les éditions Préludes pour cette lecture.


Néanmoins, Aux petits mots les grands remèdes est différent du Prix Femina étranger de cette année. En effet, ici, on suit Alex, un bibliothérapeute. Non, il ne répare pas les livres, comme le suppose un des personnages de Michaël Uras, mais il "répare les gens avec les livres". Joliment dit. Bref, il "prescrit" des lectures ciblées à ses patients afin d'apaiser leurs maux. Nous allons découvrir principalement trois de ses patients : Yann, un adolescent lourdement handicapé, qui rencontre des problèmes relationnels avec sa mère surprotectrice ; Robert Chapman, en début de burn-out ; et Anthony, un footballeur professionnel confronté à des dilemmes personnels.
A côté de sa vie professionnelle, Alex doit affronter ses propres problèmes : sa petite amie l'a quittée. Elle ne supporte plus sa passion envahissante pour les livres, mais aussi Alex refuse de s'engager durablement avec elle. La littérature pourra-t-elle l'aider ?

Ce que j'ai aimé dans ce troisième roman de Michaël Uras, ce sont les nombreuses références littéraires qui fourmillent tout au long du récit. C'est un vrai bonheur pour les amoureux de la littérature. Le narrateur parle de Kafka, Proust (l'auteur est d'ailleurs un passionné de ce grand romancier), Irving, Balzac, Cocteau, Homère, Mallarmé, etc. C'est une vraie richesse que tous ces noms d'auteurs, de poètes, aussi bien classiques que modernes. Le narrateur ne se contente pas simplement de les nommer, il parle souvent des grandes lignes de leurs livres en quelques mots. Cela me donne envie de découvrir leurs œuvres :
"Je la suivis dans un couloir sombre et interminable qui me rappela les méandres du Château de Kafka" (empl.73).
"Yann était La Prisonnière moderne, une réécriture du roman de Proust. Enfermé pour ne plus souffrir." (empl.100).
De plus, le narrateur va plus loin encore en citant ponctuellement des extraits de grands classiques, comme En rade de Huysmans (je connais l'écrivain, que j'ai adoré étudier au collège avec sa nouvelle "Sac au dos", mais je ne connais pas ce roman), Ronsard, Sagan, Beckett, Céline, Baudelaire (j'ai adoré relire des extraits de mon poète préféré ^^), et bien d'autres.
Bref, les très nombreuses références littéraires me ravissent, et raviront certainement tous les passionnés de lecture. La grande culture littéraire de l'auteur s'illustre parfaitement dans le roman, et c'est très agréable. Par ailleurs, à chaque fin de chapitre et à la fin du roman, nous avons droit à une liste d'œuvres qui ont été citées, ce qui est pratique.

Deuxièmement, le métier de bibliothérapeute m'a beaucoup intéressée. Je ne savais pas que les livres pouvaient véritablement soulager les gens, et cet aspect de la psychologie est très captivant. Ce roman peut notamment nous faire réfléchir sur notre rapport aux livres, leur impact sur notre vie.

Le troisième aspect que j'ai apprécié, c'est l'humour. Mais pas l'humour léger du début du roman, plutôt l'humour décapant, incisif, sarcastique du chapitre "Oblomov et la souris, zeugma". Je trouve qu'il est brillamment écrit et on ne peut que sourire (ou rire aussi ^^) à la lecture de ce passage. Autre point, donner à lire Les Essais de Montaigne à un patient en burn-out... Est-ce bien raisonnable ? ^^ Montaigne est le roi des digressions, et il est très loin d'être facile à lire... Du coup, ça m'a fait sourire.

En revanche, je n'ai pas apprécié les digressions du narrateur sur ses conflits relationnels avec sa mère. Cette figure maternelle a tendance à revenir trop souvent dans le récit, et je ne trouve pas cela très intéressant (même s'il s'agit de raconter l'histoire du narrateur, car son passé le façonne). Mais pour ma part, c'est un peu trop.

Enfin, je n'ai pas aimé la personnalité du narrateur, que je trouve très cultivé certes mais imbu de sa personne. Je n'ai pas été touchée par sa rupture amoureuse, par ses soucis avec sa mère et sa tante. Puis, les patients me sont parus insipides, peut-être manquent-ils de profondeur. Je n'ai pas non plus été touchée par leurs problèmes, hormis peut-être ceux de Yann. J'étais plus attirée par le côté littéraire du livre. Après, c'est peut-être (sûrement) une question de goût ! ^^^

En conclusion, Aux petits mots les grands remèdes est un roman qui plaira aux amoureux de la littérature, mais peut-être également à ceux qui s'y intéressent de près. Il est très riche en références littéraires, nous éclaire sur le métier particulier de bibliothérapeute. J'ai aimé l'humour décapant, moins le ton léger qui est employé. Néanmoins, les nombreuses digressions plombent légèrement le roman, et malheureusement, je n'ai pas apprécié le personnage principal et ses péripéties personnelles. Cependant, c'est une lecture agréable, remarquable pour son amour communicatif de la littérature.


Ma note : 14/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^




2 commentaires:

  1. Dans un sens, il me rappelle un peu ma lecture de La bibliothèque des coeurs cabossés, pour son côté références littéraires. Malheureusement, je n'ai pas du tout aimé ce livre :( Du coup, celui-ci ne me tente pas vraiment et je préfère passer mon chemin :-/

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  2. Ton avis rejoins celui de BettieRose, je passerai donc mon tour pour cet ouvrage.

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