vendredi 26 mai 2017

Cosmétique de l'ennemi

"L'ennemi est celui qui, de l'intérieur, détruit ce qui en vaut la peine. (...) Il est celui qui vous dégoûtera de vous-même. Il est celui qui, quand vous entreverrez le visage céleste d'une inconnue, vous révélera la mort
contenue en tant de beauté."

Auteur : Amélie Nothomb
Genre : Contemporain
Editeur : Le Livre de Poche
Première parution : 2001
Parution de la présente édition : 2003
Nombre de pages : 120
Prix : 5,30 €
Prix format Kindle : 5,99 €

Challenge Amélie Nothomb

Présentation de l'éditeur

"Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté." C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme. C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas.

Mon Avis


Petit livre, mais grande intensité. Je pense qu'une fois encore, cette phrase définit bien ce roman d'Amélie Nothomb. En 120 pages, avec de gros caractères, et en un dialogue, ce récit est d'une richesse particulière : humour sarcastique, réflexion sur les côtés les plus sombres de l'âme humaine, nourriture grasse, lecture, meurtres, viol... Bref, encore un roman foisonnant de la célèbre auteure belge !

Jérôme Angust attend son avion qui a été retardé. Il commence à lire lorsque un homme au nom étrange, Textor Texel, s'assoit à côté de lui et l'aborde. Ce dernier, en véritable parasite, ne cesse de lui parler (comme ceux qui vous "accrochent" dans la salle d'attente du médecin, vous voyez...). Cependant, de fil en aiguille, Textor en vient à lui avouer avoir commis plusieurs meurtres...

Le récit est assez déconcertant au début. On se demande qui est ce fameux Textor Texel, ce qu'il veut, ce qu'il attend de Jérôme. D'ailleurs, leur long dialogue est ponctué d'un humour sarcastique et délicieux, ce qui le rend très vivant.


"—     Comme je vous l’ai dit, mon nom est Texel. Textor Texel.

     Navré.

     Vous dites cela parce que mon nom est bizarre ?

     Je dis cela parce que je suis navré de vous rencontrer, monsieur.

     Il n’est pourtant pas si bizarre, mon nom. (…) Qu’en pensez-vous ?

     Rien. » (p.12)


Cet humour est quasiment omniprésent au cours du dialogue. C'est étonnant de voir que qu'il côtoie aisément des thèmes aussi durs que le meurtre et le viol. Le tout sans pathos, sans exagération. Nous sommes ici à un degré, au contraire, assez neutre, assez léger, comme si le côté burlesque de Textor surplombait le reste.

Au-delà du caractère humoristique, l'auteure aborde également plusieurs thèmes récurrents dans ses romans comme la relation du lecteur au texte, la nourriture, le gras, la folie. Cependant, dans Cosmétique de l'ennemi, il est davantage question de cet "ennemi" en nous, de ce côté obscur de notre personnalité qui nous pousse à devenir mauvais, à aller contre l'ordre moral établi.

Amélie Nothomb a une fois de plus, réussi à me surprendre. La fin est mémorable, explosive, intense. Elle nous amène à réfléchir sur cette part sombre de nous-même, cette limite à ne pas franchir, aux conséquences si nous la franchissons, sur la folie.

En bref, Cosmétique de l'ennemi explore avec sarcasme et brutalité la partie la plus sombre de l'âme humaine. Ce dialogue de 120 pages est intensément bien écrit, le style est puissant et efficace. La fin est magistrale, fracassante et inoubliable. C'est une joute verbale cruelle qui ne laisse pas indifférent. Il n'y a qu'Amélie Nothomb pour nous faire passer du rire à l'effroi en quelques mots. Avec elle, on ne sait jamais dans quelle direction on va. Mais on sait toujours que la chute sera terrible. Une vraie réussite, as usual.


A bientôt pour une prochaine chronique ^^











Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire