mercredi 6 décembre 2017

"Vivre vite" de Philippe Besson

Une étoile filante

"On n'échappe pas à son destin. Le sien était d'être une étoile et de passer comme une comète."



Présentation de l'éditeur :

Si célèbre soit-il, James Dean, symbole de la jeunesse éternelle, demeure toujours aussi insaisissable. Vivre vite, roman choral tout en nuances, dresse, à travers la voix de ses proches, le portrait intime d'un garçon de l'Indiana, inconsolable et myope, turbulent mais d'une beauté irrésistible, qui s'est donné à tous, sans jamais appartenir à personne : un acteur incandescent devenu, en trois films et un accident de voiture, une icône intemporelle.


Mon Avis 

Alors qu'aujourd'hui toutes les radios diffusent en continu les chansons de notre Johnny national, je vous parle d'une toute autre légende, bien connue dans le monde du cinéma américain, James Dean. En janvier 2015, l'écrivain Philippe Besson lui consacre un livre à l'occasion de l'anniversaire des soixante ans de la mort de l'acteur. Qui était James Dean, devenu icône en seulement trois films hollywoodiens ?
J'ai lu Vivre vite en lecture commune avec Pauline du blog Entre les pages





Dans ce roman choral (33 voix) aux chapitres courts, Philippe Besson retrace la vie trépidante de James Dean. La première voix est celle qui lui a donné la vie, sa mère, Mildred Dean née Wilson. La voix qui clôt le livre est celle de Donald Turnupseed, celui qui tua le célèbre acteur dans un accident de voiture. Parmi toutes ces voix se trouvent celles de sa famille, de ses professeurs, et d'autres très connues comme Elia Kazan, Marlon Brando, Elizabeth Taylor, Tennessee Williams. Tous ces personnages nous donnent un témoignage sur la vie fulgurante de James Dean. On apprend alors beaucoup sur lui. La mort prématurée de sa mère qui l'a énormément marqué, sa myopie sévère, son anémie, son amour pour la vitesse, son caractère sulfureux, ses relations amoureuses dont il se lassait vite, sa bisexualité.


La mort de sa mère, emportée par un cancer à 29 ans, aura été le choc de son existence. Même si la vie continue, dès l'âge de 9 ans, le chagrin ne cessera de le consumer. 


Avec Natalie Wood dans "La Fureur de vivre" (1955)

"Je pense qu'on ne survit pas à la mort de sa mère. Bien sûr, on continue à respirer de l'air, à grandir, à sourire. Mais c'est mort à l'intérieur. On a quelque chose de mort à l'intérieur."
(page 35)

Sa mère, qui l'a poussé à exercer des activités artistiques dès le plus jeune âge (violon, claquettes, théâtre), a eu une courte existence. Ainsi, peut-être inconsciemment, le jeune homme aura à cœur de vivre vite, de ne pas perdre de temps, "de faire les choses rapidement". Il sera ambitieux de bonne heure. Il fera tout pour devenir acteur, contre l'avis de son père. Il veut se dépasser et égaler Marlon Brando, qu'il admire. En trois films (notamment avec Natalie Wood et Elizabeth Taylor) et un accident tragique de la route à 24 ans, il est devenu une légende du cinéma américain. 

Avec Elizabeth Taylor dans "Géant" (1956)

Philippe Besson dresse un portrait complet de l'acteur avec précision. Ce mélange de biographie et d'éléments romanesques est habilement mené. Chaque personnage a une perception personnelle de James Dean, et ainsi on découvre son génie, son caractère changeant, ses travers, sous des angles différents.

"Dean était incroyablement talentueux. Quand il décidait de murmurer ou de marmonner son dialogue au lieu de le dire à intelligible voix, c'était une trouvaille de génie. Quand il changeait une réplique alors que la caméra avait déjà commencé à tourner, la plupart du temps il avait raison. Quand il sombrait dans la violence pure, ses partenaires étaient abasourdis et déroutés, mais derrière la caméra, ça donnait des scènes d'anthologie.
Alors je lui pardonnais ses frasques. On pardonne tout aux types très doués." (page 164) 

En bref, dans Vivre vite, Philippe Besson dresse un portrait saisissant de la légende James Dean, sur tous ses aspects. Acteur de génie, mais aussi extrêmement peiné par la mort de sa mère, ambitieux, capricieux, susceptible, ambigu, ce personnage ne laisse pas indifférent. On apprend beaucoup sur cette icône à la vie fulgurante. C'est un livre émouvant qu'on dévore d'une traite. Il nous donne envie de regarder tous les films de l'acteur mi-ange mi-démon.




Vivre vite, de Philippe Besson, 10/18, janvier 2016, 210 pages, 7,10 €.

A bientôt pour une prochaine chronique ^^





2 commentaires:

  1. Un livre qui a l'air bouleversant sur un acteur qui me fascine... Je me laisserai sûrement tenter!

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  2. Je suis ravie que tu aies aimé :-) Ce fut une belle lecture. Je ne m'attendais pas à cela et je me demandais ce qu'on pourrait bien encore dire sur Jimmy :-)

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